Dès le lendemain des élections de mi-mandat, la course à la Maison-Blanche démarre, du moins dans les médias, qui commencent à identifier les candidats potentiels. Or, cette année, elle pourrait débuter pour de vrai mardi prochain, si un certain ancien président passe de la parole aux actes. Un survol des principaux présidentiables des deux partis s’impose donc.

(New York) Républicains

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L’ancien président républicain Donald Trump

Donald Trump

Le 45e président doit procéder le 15 novembre à une « grande annonce » à Mar-a-Lago. Tout le monde s’attend à ce qu’il confirme alors sa candidature à l’élection présidentielle de 2024. S’il va de l’avant, il devra notamment faire oublier la performance décevante des candidats républicains aux élections de mi-mandat qu’il a choisis ou appuyés, de Mehmet Oz à Herschel Walker en passant par Blake Masters. En attendant, sa frustration est palpable, comme l’ont démontré ses attaques sur Truth Social à l’endroit de deux de ses rivaux potentiels, les gouverneurs Ron DeSantis et Glenn Youngkin. Et il y a toujours ses démêlés avec la justice, qui pourraient finir par le rattraper.

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Ron DeSantis a été réélu gouverneur de Floride aux élections de mi-mandat.

Ron DeSantis

Le gouverneur de Floride a refusé de répondre aux questions portant sur ses ambitions présidentielles pendant la campagne pour les élections de mi-mandat. Sa discrétion n’a trompé personne. Et sa réélection par 20 points de pourcentage représente la façon la plus convaincante de justifier ses prétentions, n’en déplaise à Donald Trump. Ce résultat a d’ailleurs consolidé ses appuis auprès des médias conservateurs de Rupert Murdoch et de plusieurs influenceurs de droite. Sa candidature soulèverait au moins deux questions. Est-il capable d’encaisser et de répondre aux attaques de l’ancien président républicain ? Peut-il exporter hors de l’État les « guerres culturelles » qu’il a déclenchées en Floride ?

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L’ancien vice-président Mike Pence

Mike Pence

L’ancien vice-président ne s’est pas laissé décourager par les partisans de Donald Trump qui voulaient le pendre, le 6 janvier 2021. Mardi, il lancera un nouveau livre qui lui servira de prétexte pour parcourir les États-Unis et accorder des entrevues. Le titre de l’ouvrage donne une idée de l’électorat qu’il tenterait de courtiser en priorité dans le cadre d’une course à l’investiture républicaine : So Help Me God (« Que Dieu me vienne en aide »). Et, selon ce livre, que lui a dit son ancien patron en réalisant qu’il refuserait de bloquer la certification de l’élection de Joe Biden ? « Tu es trop honnête. »

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Glenn Youngkin, gouverneur de Virginie

Glenn Youngkin

Le gouverneur de Virginie a fait tourner les têtes en novembre 2021, en remportant une victoire inattendue dans un État où Joe Biden avait battu Donald Trump par 10 points de pourcentage. Cet ex-financier a réalisé cet exploit en se présentant comme un républicain raisonnable. Image qu’il a ternie récemment en faisant une mauvaise blague sur l’agression de Paul Pelosi. Or, il s’en est excusé mercredi dernier dans une note adressée à Nancy Pelosi. Donald Trump doit le considérer comme un rival potentiel sérieux, car il l’a attaqué vendredi en déformant son nom. « Young Kin. Ça sonne chinois, n’est-ce pas ? », a-t-il écrit sur Truth Social.

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L’ancienne gouverneure de Caroline du Sud Nikki Haley

Nikki Haley

L’ancienne ambassadrice des États-Unis aux Nations unies a joué un rôle actif dans la campagne républicaine pour les élections de mi-mandat, signe qu’elle n’a pas renoncé à ses ambitions présidentielles. Elle est apparue aux côtés de plusieurs candidats, dont Herschel Walker, en Géorgie. L’ancienne gouverneure de Caroline du Sud n’est cependant pas la seule personnalité républicaine de cet État à rêver à la Maison-Blanche. Comme Haley, le sénateur Tim Scott a visité récemment l’Iowa et le New Hampshire, deux États qui jouent un rôle clé dans la sélection des candidats présidentiels des deux partis. Scott est l’unique Noir du groupe républicain au Sénat.

Démocrates

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Le président démocrate Joe Biden

Joe Biden

Le président promet d’officialiser sa décision au début de 2023. Pour le moment, « notre intention est de nous présenter de nouveau », a-t-il dit lors d’une conférence de presse mercredi, laissant entendre qu’il s’agissait d’une décision familiale. Or, Jill Biden a déjà déclaré qu’il accomplissait un travail « très important » à la Maison-Blanche et qu’il ne devrait pas « s’en détourner ». Cela dit, Biden s’est dit « très respectueux du destin ». Le 20 novembre, il deviendra le premier commandant en chef octogénaire. Que répond-il à ceux qui ne veulent pas le voir briguer la présidence à nouveau ? « Regardez-moi. »

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Kamala Harris est la première personne afro-américaine et asio-américaine à devenir vice-présidente des États-Unis.

Kamala Harris

La vice-présidente, comme tous les démocrates présidentiables, ne manifestera aucune intention de briguer la Maison-Blanche en 2024 tant que Joe Biden n’aura pas renoncé à le faire lui-même. Son rôle historique au côté du président en ferait évidemment une candidate incontournable. Mais jusqu’à présent, sa performance dans une fonction ingrate par définition n’a pas rempli les attentes. Son itinéraire pendant la campagne pour les élections de mi-mandat témoigne du fait qu’elle n’est pas considérée comme un grand atout politique. Les candidates en lice dans des États clés tels le Nevada, le New Hampshire, l’Arizona et la Géorgie ont préféré se passer de son aide.

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Pete Buttigieg, secrétaire aux Transports

Pete Buttigieg

Le secrétaire aux Transports n’est plus ce maire obscur au nom imprononçable d’une ville moyenne de l’Indiana. Après avoir fait la preuve de son intelligence et de son éloquence lors de la course à l’investiture démocrate pour l’élection présidentielle de 2020, il n’a pas seulement hérité d’un poste important au sein de l’administration. Il est également devenu le porte-parole redoutable des démocrates auprès des médias conservateurs, dont Fox News. On l’a notamment vu pendant la campagne pour les élections de mi-mandat répondre avec aplomb à des journalistes qui auraient bien voulu le faire trébucher. Peine perdue. À 40 ans, il représente un changement générationnel dont de nombreux démocrates rêvent.

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Gretchen Whitmer a été réélue gouverneure du Michigan aux élections de mi-mandat.

Gretchen Whitmer

La gouverneure du Michigan a été éclipsée dans les médias par le gouverneur de Floride Ron DeSantis au lendemain des élections de mi-mandat. Sa réélection n’en est pas moins remarquable. En fait, elle l’est peut-être davantage. DeSantis a triomphé dans un État devenu rouge. Whitmer a triomphé dans un État pivot où ses ennemis l’ont diabolisée au point que certains d’entre eux ont voulu la kidnapper et la tuer. Elle a survécu, notamment en incarnant l’opposition aux républicains qui voulaient éliminer le droit des femmes à l’avortement dans son État et ailleurs. Cela ne nuit pas qu’elle ait la parole agile et le look d’une star de Hollywood.

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Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom

Gavin Newsom

Le gouverneur de Californie se défend d’avoir des ambitions présidentielles. On pourrait dire que cela fait de lui un homme raisonnable. Après tout, quelles sont les chances d’un ancien maire de San Francisco, bastion de la gauche, de battre un candidat présidentiel du Parti républicain au Wisconsin ou au Michigan ? Mais le fait est que Newsom s’est comporté au cours des derniers mois comme un prétendant à la présidence. Il s’est notamment attaqué à deux des gouverneurs républicains les plus présidentiables, Ron DeSantis (Floride) et Greg Abbott (Texas). Il disait vouloir défendre la Californie. Mais, ce faisant, il montrait un goût pour la bagarre qui compte.