Le gouverneur de la Floride, Ron DeSantis, qui a été réélu haut la main mardi lors des élections américaines de mi-mandat, se retrouve désormais en bonne position pour se lancer dans la course présidentielle.

« S’il veut y aller, je ne vois pas trop ce qui devrait l’en empêcher. Ce n’est pas tout à fait une autoroute, mais c’est quand même spectaculaire comme résultat », a commenté mercredi l’analyste politique Rafael Jacob, qui est rattaché à la Chaire Raoul-Dandurand de l’Université du Québec à Montréal.

En battant son adversaire démocrate par 20 points de pourcentage, le politicien républicain a obtenu « la plus grande marge de victoire en 40 ans, tous partis confondus, pour le poste de gouverneur en Floride », relève M. Jacob.

Ce résultat, note-t-il, fait mal paraître l’ex-président républicain Donald Trump, qui s’agace d’une possible candidature de la part de son ancien protégé à l’investiture républicaine en vue du scrutin de 2024.

PHOTO ANDREW HARNIK, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Donald Trump, ancien président des États-Unis

L’ancien chef d’État a vu plusieurs des candidats qu’il soutenait dans des États clés mordre la poussière ou sous-performer lors des élections de mi-mandat, notamment dans la course sénatoriale en Pennsylvanie, où le lieutenant-gouverneur démocrate John Fetterman a devancé le candidat républicain Mehmet Öz.

Meneur sur papier

Nombre de médias américains n’hésitaient pas à avancer ouvertement mercredi que M. DeSantis était désormais le meneur dans la course à l’investiture républicaine même si le principal intéressé se garde bien pour l’heure de faire connaître ses intentions sur ce plan.

Nous avons accompli plus en quatre ans que quiconque l’imaginait. Mais il y a encore tant à faire et je viens seulement de commencer à me battre.

Ron DeSantis, gouverneur réélu de la Floride, dans son discours de victoire, mardi

Des partisans présents ont crié  : « Deux ans de plus ! Deux ans de plus ! », suggérant ainsi qu’il couperait court éventuellement à son nouveau mandat de gouverneur pour briguer la présidence.

Sa victoire de mardi contraste fortement avec celle, par un demi-point de pourcentage, qu’il avait obtenue en 2018 pour devenir gouverneur.

L’avocat de formation, qui siégeait depuis quelques années à la Chambre des représentants, était peu connu et avait réussi à remporter l’investiture républicaine pour le poste grâce au soutien de Donald Trump.

Le président avait soutenu sa candidature en saluant ses positions fermes sur la gestion de la frontière et la criminalité ainsi que son enthousiasme pour les réductions de taxe.

De la COVID-19 aux wokes

M. DeSantis a gagné par la suite en visibilité nationale en s’opposant fermement aux restrictions sanitaires retenues par l’administration du président Joe Biden pour lutter contre la pandémie de COVID-19.

Il a aussi multiplié les lois visant à contrer ce qu’il appelle l’« idéologie woke », qu’il présente comme une menace au mode de vie traditionnel des Américains.

Le politicien a fait les manchettes en présentant notamment un projet de loi qui empêche tout enseignement sur des questions liées à l’orientation sexuelle et l’identité de genre à des élèves en bas âge. La mesure est contestée devant les tribunaux.

Le gouverneur a aussi agi de façon remarquée récemment sur la question de l’immigration en faisant transporter vers des villes démocrates du nord des migrants arrivés du Mexique.

Conservateur, mais pas comme Trump

Ron DeSantis pratique un conservatisme assumé qui fait écho à plusieurs thèmes chers à Donald Trump, mais agit de manière beaucoup moins erratique, note M. Jacob.

L’élite du Parti républicain risque de le percevoir comme une voie de rechange intéressante pour remporter le prochain scrutin présidentiel et de l’inciter, argent à l’appui, à faire le saut face à son ancien mentor.

Si [DeSantis] réussissait à attirer tous les votes anti-Trump ou non-Trump au sein de la formation, il aurait des chances de gagner la primaire.

Rafael Jacob, de la Chaire Raoul-Dandurand de l’Université du Québec à Montréal

L’ex-président a prévenu publiquement Ron DeSantis en début de semaine que son entrée dans la course à l’investiture républicaine risquait de lui être « dommageable ». Il a par ailleurs menacé mardi, sans plus de précision, de divulguer des informations embarrassantes à son sujet pour le décourager d’aller de l’avant.

Les mises en garde de Donald Trump surviennent à quelques jours d’une conférence de presse où nombre d’analystes s’attendent à ce qu’il officialise son intention d’être candidat à la prochaine élection présidentielle.

Après le scrutin de mi-mandat, « il le fait à partir d’une position de faiblesse », note M. Jacob, qui ne s’attend pas à ce que Ron DeSantis dévoile rapidement ses propres intentions à ce sujet.