Tout semble indiquer que la Cour suprême des États-Unis entend mettre fin au droit à l’avortement aux États-Unis, une décision qui ne touchera pas toutes les Américaines de la même façon.

25 %

Proportion des femmes américaines qui auront recours à l’avortement avant la fin de leurs années de fertilité, selon une estimation de l’Institut Guttmacher, groupe de recherche pro-choix

Moins d’adolescentes, plus d’adultes

Contrairement au cliché souvent véhiculé, ce ne sont pas majoritairement des adolescentes ou de très jeunes adultes qui ont recours à l’avortement. Dans une analyse réalisée l’an dernier, le New York Times a conclu que l’Américaine type qui subit un avortement était dans la fin de la vingtaine, avait déjà un ou des enfants, avait fait des études supérieures, avait un revenu faible et était célibataire. L’analyse a aussi conclu que la procédure moyenne avait lieu au cours des six premières semaines de grossesse, et qu’en moyenne, celle qui avait recours à la procédure en était à son premier avortement.

Je suis sous le choc. J’ai deux jeunes filles, et je suis aussi ici pour elles, […] pour protéger leur avenir. Je me souviens des livres d’histoire quand j’étais plus jeune, de ces femmes dans les années 1960 qui se battaient pour cela, et c’est triste que nous ayons à continuer.

Tarra Kuroda, 47 ans, manifestante en entrevue avec l’Agence France-Presse devant la Cour suprême à Washington, mardi

Accès restreint

Environ 25 % des personnes dans les États où l’avortement disparaîtra ne seront pas en mesure de trouver un prestataire. Cela représente environ 80 000 personnes par an qui ne pourront pas se faire avorter comme elles le souhaitent.

Caitlin Knowles Myers, professeure d’économie au Middlebury College, sur Twitter

INFOGRAPHIE LA PRESSE

Pas moins de 26 États sont susceptibles d’interdire l’avortement si la Cour suprême devait invalider l’arrêt Roe c. Wade.

En chute constante

Malgré tout l’espace qu’elle occupe sur la place publique et dans les médias, la pratique de l’avortement est de moins en moins courante dans la société américaine. Après avoir connu une hausse après que la Cour suprême a reconnu le droit à l’avortement en 1973, le nombre d’avortements pratiqués par année par tranche de 1000 femmes âgées de 15 à 44 ans chute depuis plus de quatre décennies.

INFOGRAPHIE LA PRESSE

Le taux d’avortement est en déclin aux États-Unis depuis le début des années 1980.

70 %

C’est la proportion d’Américains qui sont d’avis que la décision du recours à un avortement devrait être prise par une femme et son médecin, alors que 24 % affirment que la loi devrait décider. Sur la question de l’arrêt « Roe c. Wade », dans lequel la Cour suprême avait reconnu le droit à l’avortement, 54 % des Américains croient qu’il devrait tenir, tandis que 28 % voudraient le voir renversé, selon un sondage ABC News/Washington Post réalisé entre le 24 et le 28 avril 2022.

Je crois que le droit d’une femme de choisir est fondamental. Roe est la loi du pays depuis presque 50 ans, et l’équité de base et la stabilité de notre droit exigent qu’elle ne soit pas renversée. Nous serons prêts lorsqu’une décision sera rendue.

Joe Biden, sur Twitter

[Le droit d’avorter] est retiré en raison des croyances religieuses d’une Cour suprême très conservatrice. Je suis horrifiée que cette décision puisse enlever ce droit pour mes petits-fils et mes petites-filles.

Lynn Hart, 70 ans, qui a raconté à l’AFP à Washington avoir subi illégalement un avortement lorsqu’elle était adolescente

Interdiction de voyager pour un avortement ?

Certains experts croient que des États pourraient vouloir empêcher leurs citoyens d’aller dans un autre État afin d’y subir un avortement. « Je pense que les États ne vont pas se contenter de dire : ‟Il n’y aura pas d’avortements dans notre État.” Je pense qu’ils vont vouloir interdire l’avortement à leurs citoyens autant que possible, ce qui signifierait les empêcher de voyager », a déclaré David Cohen, professeur à la Kline School of Law de l’Université Drexel, au quotidien The Guardian.