Joe Biden doit dévoiler en février, mois de l’histoire des Noirs, l’identité du juge qu’il compte nommer à la Cour suprême. Il doit remplacer le juge Stephen Breyer, qui a décidé de prendre sa retraite en juin, après avoir siégé pendant 28 ans. La Maison-Blanche a fait savoir que le président nommerait une femme noire à poste, ce qui serait une première. Explications.

Sixième femme

Si la candidate choisie par M. Biden devait être nommée la Cour suprême, elle serait seulement le troisième juge noir et la sixième femme sur les 115 juges y ayant siégé depuis sa fondation en 1789.

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Joe Biden, président des États-Unis

La personne que je nommerai aura des qualifications, une personnalité, une expérience et une intégrité extraordinaires. Et cette personne sera la première femme noire nommée à la Cour suprême.

Joe Biden, le 27 janvier 2022

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C’est le nombre de femmes noires nommées par Joe Biden à des postes de juge fédéral, depuis le début de sa présidence. Cela représente 24 % des nominations judiciaires faites par M. Biden, qui a déjà nommé plus de femmes noires que n’importe quel président républicain dans l’histoire. En première place chez les républicains, George W. Bush avait nommé huit femmes noires à ce poste, soit 2 % des juges qu’il a nommés durant ses deux mandats à la Maison-Blanche. Barack Obama avait nommé 26 juges noires durant ses années à la présidence, soit 8 % des juges qu’il a nommés. Sur les 3843 personnes ayant exercé cette fonction, seules 70, soit moins de 2 %, étaient des femmes noires, selon une recherche de la firme Pew.

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Rafael Jacob, chercheur associé à la Chaire Raoul-Dandurand de l’UQAM et analyste de la politique américaine

C’est l’une des promesses majeures faites par Biden durant sa campagne. Pour des raisons historiques et sociales évidentes, c’est important. Ce n’est pas une nomination qui vient changer la composition idéologique de la Cour, mais ça reste très important, car ça assure l’avenir. Certains présidents, dont Jimmy Carter, par exemple, n’ont jamais eu l’occasion de nommer un juge à la Cour suprême.

Rafael Jacob, chercheur associé à la Chaire Raoul-Dandurand de l’UQAM et analyste de la politique américaine

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C’est la composition idéologique actuelle de la Cour suprême américaine, en faveur des juges conservateurs. Trois des six juges conservateurs, Neil Gorsuch, Brett Kavanaugh et Amy Coney Barrett, ont été nommés durant les quatre années de la présidence de Donald Trump.

Qui Joe Biden choisira-t-il ?

Trois candidates sont fréquemment mentionnées.

Ketanji Brown Jackson

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Ketanji Brown Jackson

Considérée comme la candidate la plus susceptible d’être choisie, Ketanji Brown Jackson, 51 ans, a été nommée à la prestigieuse Cour d’appel fédérale pour le circuit du district de Columbia par le président Biden quelques jours à peine après son arrivée à la Maison-Blanche, l’an dernier. Diplômée de l’université et de la faculté de droit de Harvard, la juge Jackson est devenue juge fédérale en 2013. En juin 2021, le Sénat a donné le feu vert à la candidate dans un vote de 53-44, qui avait rallié trois votes républicains.

Leondra Kruger

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Leondra Kruger

Juge à la Cour suprême de Californie, Leondra Kruger, 45 ans, est aussi pressentie pour succéder au juge Breyer. Fille d’une immigrante jamaïcaine, la juge Kruger est considérée comme une modérée dotée d’un talent inné pour la persuasion. Elle a été nommée à la Cour suprême de l’État le plus populeux des États-Unis par l’ancien gouverneur démocrate Jerry Brown en 2014.

Michelle Childs

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Michelle Childs

Juge fédérale en Caroline du Sud, Michelle Childs, 55 ans, a récemment été nommée par Joe Biden à la Cour d’appel fédérale pour le circuit du district de Columbia. Son curriculum tranche avec celui des juges de la Cour suprême en ce qu’elle a choisi de faire ses études à l’Université de Caroline du Sud, une université publique.

Peu importe qui Joe Biden choisit, le climat politique américain est tellement polarisé que c’est presque assuré qu’une forte majorité de sénateurs républicains va s’y opposer. Cela dit, comme cette nomination ne vient pas changer la composition idéologique de la Cour, et comme les démocrates ont une faible majorité, je serais surpris qu’on ait un “cirque” lors de la confirmation au Sénat.

Rafael Jacob, chercheur associé à la Chaire Raoul-Dandurand de l’UQAM et analyste de la politique américaine

Et au Canada ?

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Mahmud Jamal

C’est en juin 2021 que le Canada a nommé son premier juge issu d’une minorité visible à la Cour suprême. Nommé par Justin Trudeau, le juge Mahmud Jamal, 55 ans, est diplômé de l’École de droit de l’Université Yale, a enseigné le droit constitutionnel à l’Université McGill et le droit administratif à l’Osgoode Hall Law School de l’Université York à Toronto. Il est parfaitement bilingue. La Cour suprême du Canada compte actuellement six juges hommes et trois juges femmes.