(Del Rio) Des photos montrant des gardes-frontières à cheval en train de repousser des migrants près de Del Rio au Texas, suscitaient lundi une forte émotion aux États-Unis, où le gouvernement du président Joe Biden a annoncé l’ouverture d’une enquête pour faire toute la lumière sur les faits.

Sur un cliché pris par un photographe employé par l’AFP, un agent à cheval attrape un homme par son t-shirt. Sur une autre, il tient un groupe à distance en faisant tournoyer ses rênes, dans une posture menaçante.

PHOTO PAUL RATJE, AGENCE FRANCE-PRESSE

Un garde-frontière à cheval empoigne le t-shirt d’un migrant haïtien qui tente d’entrer dans un campement sur les rives du Rio Grande près du pont international Acuna Del Rio, à Del Rio, au Texas, le 19 septembre 2021.

Ces images « de mauvais traitements de migrants haïtiens le long de la frontière sont horribles et très dérangeantes », a estimé dans un communiqué l’élu démocrate Bennie Thompson, qui préside la commission sur la Sécurité intérieure à la Chambre des représentants.  

« C’est horrible à regarder », a reconnu la porte-parole de la Maison-Blanche Jen Psaki lors d’un point-presse. « Je ne connais pas le contexte, mais je ne vois pas dans quel cadre ce serait approprié », a-t-elle ajouté.

PHOTO DANIEL BECERRIL, REUTERS

Un garde-frontière à cheval s’interpose devant des migrants haïtiens tentant d’entrer dans un campement sur les rives du Rio Grande près du pont international Acuna Del Rio, à Del Rio, au Texas, le 19 septembre 202.

Le secrétaire d’État Antony Blinken s’est entretenu lundi avec le premier ministre haïtien Ariel Henry « de la coopération afin de rapatrier les migrants haïtiens au sud de la frontière des États-Unis », a indiqué le département d’État.

Les deux hommes ont fait part de leur « préoccupation commune pour la sécurité des citoyens haïtiens ».

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Un garde-frontière à cheval tient un groupe de migrants à distance en faisant tournoyer ses rênes, dans une posture menaçante.

Antony Blinken a également discuté au téléphone avec son homologue mexicain Marcelo Ebrard de « la coordination pour la gestion du flux de migrants clandestins », a indiqué un porte-parole.

Des patrouilles équestres ont été déployées dimanche près du fleuve Rio Grande, où des milliers de migrants, dont une majorité d’Haïtiens, campent depuis plusieurs jours dans l’espoir d’être admis aux États-Unis, a expliqué à la presse le chef des gardes-frontières Raul Ortiz.

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Un garde-frontière à cheval empoigne le t-shirt d’un migrant haïtien qui tente d’entrer dans un campement sur les rives du Rio Grande près du pont international Acuna Del Rio, à Del Rio, au Texas, le 19 septembre 2021.

« Je leur ai demandé de chercher si des individus étaient en détresse et de rassembler des renseignements sur des passeurs », a-t-il ajouté, en soulignant que « contrôler un cheval dans un fleuve est difficile ».

Il semble que, dans ce cadre, certains aient utilisé de longues rênes, a ajouté le secrétaire américain à la Sécurité intérieure Alejandro Mayorkas. « Nous allons mener une enquête pour être sûrs que la situation est bien celle-là, dans le cas contraire, nous agirons en conséquence », a-t-il assuré.  

Situation tendue

La scène s’est produite alors que des migrants se lavaient dans le Rio Grande ou traversaient le fleuve pour aller chercher de la nourriture au Mexique et la rapporter à leur famille restée sur le sol américain, selon l’auteur des photos, Paul Ratje.

PHOTO PAUL RATJE, AGENCE FRANCE-PRESSE

Un garde-frontière à cheval tente d’empêcher un migrant haïtien d’entrer dans un campement sur les rives du Rio Grande près du pont international Acuna Del Rio, à Del Rio, au Texas, le 19 septembre 2021.

Subitement, cinq ou six agents à cheval sont arrivés et leur ont demandé de retourner au Mexique. « La situation était tendue, et les migrants ont commencé à courir pour les contourner », rapporte-t-il. « Un des agents a attrapé l’homme de la photo par le t-shirt. Je ne crois pas qu’il ait été blessé ».

« Je n’ai pas vu de coups de fouet, mais les agents ont fait tournoyer leurs rênes », a-t-il encore raconté.

PHOTO PAUL RATJE, AGENCE FRANCE-PRESSE

Un garde-frontière à cheval tente d’empêcher un migrant haïtien d’entrer dans un campement sur les rives du Rio Grande près du pont international Acuna Del Rio, à Del Rio, au Texas, le 19 septembre 2021.

La tension est ensuite retombée, et les gardes-frontières ont laissé ces migrants rejoindre le camp de fortune.

L’afflux de migrants à la frontière s’est transformé en crise pour l’administration Biden.

À Del Rio, Alejandro Mayorkas a affirmé que les migrants haïtiens recevaient de fausses informations sur la possibilité de rester aux États-Unis, déclarant également que les États-Unis accéléraient leurs processus de rapatriement vers Haïti, considérant un tel retour comme sûr pour eux.

« Nous avons répété que nos frontières ne sont pas ouvertes et que les gens ne devraient pas entreprendre un tel voyage dangereux », a déclaré le secrétaire.

« Si vous venez de manière illégale aux États-Unis, vous serez renvoyés », a-t-il ajouté.

Alejandro Mayorkas a également affirmé qu’il était raisonnable de renvoyer ces migrants vers Haïti, malgré l’instabilité politique qui y règne, et les conséquences du tremblement de terre qui a touché le sud-ouest du pays le 14 août.