(Washington) Dans les ultimes semaines de Donald Trump à la Maison-Blanche, le plus haut chef militaire américain s’est inquiété de la possibilité que le président recoure à l’armée pour se maintenir au pouvoir, allant jusqu’à comparer la rhétorique du milliardaire à celle d’Adolf Hitler, selon un livre de deux journalistes du Washington Post.

« Les coups d’État, ce n’est pas mon truc ! », a réagi M. Trump dans un communiqué cinglant.

Comme l'incendie du Reichstag en 1933

Le général Mark Milley a comparé les jours de vive tension durant lesquels Donald Trump affirmait de façon erronée avoir remporté la présidentielle à l’évènement de l’incendie du Reichstag en 1933, exploité par les nazis pour éliminer les forces d’opposition politiques et mettre en place un régime totalitaire en Allemagne.

« On vit un moment comme celui du Reichstag », aurait déclaré à ses collaborateurs le chef d’état-major américain, selon ce nouveau livre intitulé I Alone Can Fix It : Donald J. Trump’s Catastrophic Final Year.

Disant avoir « l’estomac noué » par les fausses affirmations de Trump, le général Milley aurait assimilé sa rhétorique à « la parole d’évangile du Führer », assurent Carol Leonnig et Philip Rucker. Les deux journalistes précisent avoir interviewé plus de 140 personnes pour rédiger leur ouvrage.

Un porte-parole du général Mark Milley a refusé de confirmer ces déclarations.

Toujours selon les auteurs du livre, le plus haut gradé du Pentagone s’est, de façon répétée, inquiété de l’éventualité qu’un coup d’État soit en préparation du côté de partisans de Donald Trump.

Les pro-Trump, comme des « de chemises brunes »

Juste après avoir participé le 10 novembre 2020 à une réunion de sécurité centrée sur la « Million MAGA March », un rassemblement pro-Trump contestant les résultats de l’élection de la semaine précédente, Mark Milley a confié craindre une descente « de chemises brunes dans les rues », en référence à la formation paramilitaire du Parti national-socialiste.

Dans les semaines suivantes, le chef d’état-major américain a abondamment consulté les responsables militaires américains pour étudier les éventuelles chances qu’aurait Trump, en s’appuyant sur les hommes qu’il avait placés au Pentagone, à la CIA et au FBI, de conserver le pouvoir par la force.

Ces entretiens l’ont finalement rasséréné. « C’est l’Amérique. C’est solide. Les institutions ploient, mais ne se brisent pas », aurait-il conclu.

« Si j’avais voulu faire un coup d’État, le général Mark Milley aurait été une des dernières personnes que j’aurais appelées », a écrit Donald Trump, en expliquant l’avoir nommé à la tête de l’état-major tout simplement car « le général le plus surévalué de la planète, James Mattis, ne le supportait pas ».

« J’agis souvent contrairement aux conseils de gens que je ne respecte pas » a justifié l’ex-président, en précisant avoir également perdu tout respect pour le général Milley.