Une Montréalaise recueille des fonds jusqu’au Québec pour des victimes de l’effondrement de Surfside, en Floride.

« C’est horrible. J’ai déjà été dans cet édifice. Je me suis baignée dans la piscine. Je savais que mon amie était là. Que sa fille était là. Je n’ai pas de mots. »

Deux semaines se sont écoulées depuis qu’un immeuble de 12 étages s’est effondré dans le sud de la Floride, faisant au moins 32 morts et 113 disparus.

Mais Victoria Wolosianski est encore bien sonnée : la Montréalaise a perdu dans cette tragédie sa grande amie, Graciela Cattarossi, 48 ans, et sa fille, Stella, qui n’avait que 7 ans.

Leurs deux corps ont été trouvés et identifiés vendredi.

Pour Victoria, le choc est d’autant plus grand que le père, la mère et la sœur de Graciela, Andrea, ont aussi péri dans l’effondrement de l’édifice, bien qu’on n’ait pas encore officiellement retrouvé leurs corps. Tout ce beau monde habitait dans le même appartement, qui faisait face à la mer. Tous sauf Andrea, exceptionnellement venue d’Argentine pour leur rendre visite.

« Cinq membres d’une même famille impliqués, c’est beaucoup », résume Victoria, jointe au téléphone à Hallandale Beach, à 20 minutes, de Surfside, où elle réside depuis cinq ans. La Québécoise n’a pas pu rester les bras croisés devant cette hécatombe familiale.

PHOTO FOURNIE PAR VICTORIA WOLOSIANSKI

Victoria Wolosianski et son mari, Sergiy Lopatyuk. La fille de ce dernier, Eva, était une amie de la petite Stella.

Dans les jours qui ont suivi la tragédie, elle a organisé une collecte de fonds sur le site GoFundMe afin d’aider financièrement les membres restants de la famille, tout particulièrement les trois enfants d’Andrea, qui étaient restés en Argentine.

« Mon premier instinct était de les aider financièrement à voyager pour venir ici. Ou d’aider à payer pour l’hôpital si on retrouvait Andrea en vie et qu’elle avait besoin de soins. »

Victoria a jusqu’ici récolté 10 000 $, somme à laquelle ont contribué « entre une vingtaine et une cinquantaine de gens au Québec », dont ses parents et ses amis.

« J’ai contacté le plus de gens que je connaissais », dit-elle en précisant que l’argent a déjà été versé aux membres survivants de la famille Cattarossi.

Fauchée en pleine renaissance

Victoria Wolosianski n’a pas su tout de suite que l’immeuble effondré était celui de Graciela. Mais un « pressentiment » lui a ordonné ce matin-là de laisser des messages et des textos à son amie.

Quand elle a vu des photos du bâtiment détruit, elle a compris pourquoi elle ne recevait pas de réponse.

Deux semaines plus tard, la jeune femme de 28 ans ne comprend toujours pas ce qui a pu se passer. Elle a souvent visité cet immeuble. Selon elle, rien ne pouvait laisser croire qu’il allait s’effondrer sans prévenir.

PHOTO REUTERS

Les restes de l’immeuble

« C’était un building très bien. Pas exagérément chic, mais un building sur la plage. J’ai vu des buildings en beaucoup moins bon état », dit-elle, évoquant les multiples scénarios qui auraient pu conduire à ce désastre.

Ironique : elle avait vu Graciela le dimanche précédant sa mort pour célébrer la fête des Pères. La mère de famille monoparentale semblait particulièrement heureuse, d’autant qu’elle était en train de « se remettre sur pied », après une période difficile.

« Elle suivait des cours pour devenir agente immobilière et s’occupait de résidences secondaires en l’absence de leurs propriétaires. C’était sa petite business » dit-elle.

Cerise sur le gâteau : elle venait de recevoir de l’aide financière pour envoyer sa fille à l’école privée. Après être retournée vivre chez ses parents pendant quelque temps, elle s’apprêtait à reprendre le contrôle de sa vie.

« Je veux qu’on mette en lumière qu’elle était récemment heureuse, que c’était vraiment une mère exceptionnelle. Si je peux être la moitié de la mère qu’elle était pour sa fille, ce sera déjà quelque chose », souligne Victoria en cessant soudain de retenir ses larmes.

« La seule chose qui m’apporte du réconfort, c’est de savoir qu’elles étaient les deux ensemble et de savoir qu’elles ont été retrouvées ensemble. Cela veut dire qu’elles dormaient dans le même lit… »