(Surfside) Le besoin d’explications se faisait de plus en plus pressant, vendredi, après l’effondrement spectaculaire la veille d’un immeuble résidentiel près de Miami, le bilan, déjà alourdi, menaçant de devenir catastrophique au moment où les secouristes poursuivaient leur course contre la montre pour retrouver d’éventuels survivants dans les décombres.

Au moins quatre personnes ont trouvé la mort dans cette catastrophe pour l’heure inexpliquée, survenue jeudi avant l’aube.  

L’une d’entre elles a été identifiée, rapportaient vendredi des médias américains. Il s’agit de Stacie Fang, la mère d’un garçon de 15 ans sauvé des gravats jeudi matin. Transportée à l’hôpital, elle n’a pas survécu, selon le Miami Herald.

En tout « 120 personnes ont été localisées […], mais le nombre de personnes dont nous sommes sans nouvelles est monté à 159 », a indiqué lors d’une conférence de presse Daniella Levine Cava, la maire du comté de Miami-Dade.

PHOTO EVA MARIE UZCATEGUI, AGENCE FRANCE-PRESSE

La mairesse du comté de Miami-Dade, Daniella Levine Cava

« Malheureusement, les chiffres sont les mêmes que ce matin », a indiqué en soirée la maire du comté de Miami-Dade.

« Nous n’avons retrouvé personne d’autre dans les fouilles d’aujourd’hui, mais nous allons poursuivre les recherches ce soir et si Dieu le veut, il y aura de bonnes nouvelles plus tard dans la nuit ou demain matin », a-t-elle déclaré.

Des corps ont été évacués dans des housses mortuaires jaunes et évacués pour que la police puisse confirmer leur identité et informer les familles.

Ces dernières « ont le droit de savoir » pourquoi l’immeuble de 12 étages s’est effondré, se transformant en piège mortel pour leurs proches, a insisté le gouverneur de cet État du sud des États-Unis, Ron DeSantis.

« Nous ne voulons pas nous tromper d’explication mais il est également important de l’apporter sans tarder car il y a beaucoup de familles […] qui ont perdu des êtres chers », a-t-il dit.

« C’est un moment très, très difficile. Il y a tellement de personnes qui attendent, sont-ils vivants, que va-t-il se passer ? », a soufflé Joe Biden depuis la Maison-Blanche.

Le président démocrate avait, plus tôt dans la journée, déclaré l’état d’urgence afin de fournir une assistance fédérale pour les opérations de secours et de relogement d’urgence des rescapés.

Recherches d’explications

L’effondrement des douze étages de ce complexe donnant sur l’océan, qui a touché environ 55 appartements, s’est déroulé vers 1 h 30 du matin jeudi, dégageant selon des témoins un grand nuage de poussière sur plusieurs pâtés de maisons.

Les hypothèses se multipliaient vendredi pour tenter d’expliquer le drame.

PHOTO OCTAVIO JONES, REUTERS

Une étude conduite en 2020 a montré que l’immeuble, construit en 1981, avait subi un affaissement d’environ 2 millimètres par an entre 1993 et 1999.

Dans un communiqué conjoint avec son université, le chercheur a toutefois précisé que l’affaissement des sols ne causerait pas seul l’effondrement d’un immeuble.

Des travaux visant à mettre le bâtiment aux normes étaient en cours, notamment sur le toit, ont précisé plusieurs responsables, estimant néanmoins peu probable qu’ils soient la cause de l’effondrement.

L’enquête pour déterminer les causes exactes de ce sinistre risque de prendre des semaines, a prévenu un autre expert de la FIU, Atorod Azizinamini, spécialiste en infrastructure.

Une opération de secours dangereuse

Pompiers, unités cynophiles et grues s’activaient encore sans relâche vendredi, en dépit des conditions météorologiques difficiles, pour tenter de retrouver des survivants.

Des bruits ont été entendus émanant des gravats, sans que les sauveteurs n’aient la certitude qu’ils étaient d’origine humaine.

Une tempête s’est déclenchée vers 22 h locales dans la nuit de jeudi à vendredi charriant de fortes pluies, sans que les recherches s’interrompent. Un incendie a aussi dû être maîtrisé au niveau du côté nord de l’immeuble. De fortes précipitations continuaient à tomber vendredi sur le site de l’effondrement d’où émanaient des odeurs de caoutchouc et de plastique brûlé.

Les recherches pourraient durer « au moins une semaine », a estimé jeudi Andrew Hyatt, un autre responsable de Surfside.

PHOTO DAVID SANTIAGO, MIAMI HERALD VIA AP

Un chien tente de retrouver des survivants dans les décombres de l'immeuble.

Selon le sénateur républicain de Floride Marco Rubio, « presque un tiers des disparus […] sont étrangers ».

Figurent notamment parmi les personnes manquantes, neuf Argentins, trois Uruguayens et six Paraguayens, dont la sœur de la première dame du Paraguay.  

La ville accueille une importante communauté juive et des rabbins ont été mobilisés pour apporter du soutien aux résidents juifs évacués et à leurs proches.

« Nous avons été durement frappés, mais il y a encore de l’espoir », a confié Zalmi Duchman, 41 ans.

L’homme, qui vit à Surfside depuis 20 ans, est venu apporter son aide aux résidents frappés par la tragédie.

« Nous, les Juifs, nous croyons très fort aux miracles et nous n’abandonnons jamais, nous sommes résistants et nous essayons de rester positifs dans les temps difficiles », explique-t-il.