L'avenir à la tête du Pentagone de Patrick Shanahan, qui a effectué la semaine dernière sa première tournée internationale en Europe, parait mis en doute par la publication de commentaires peu élogieux d'élus du Congrès, notamment l'influent sénateur républicain Lindsey Graham.

M. Shanahan, un ancien responsable de Boeing sans expérience militaire, a rencontré une délégation d'élus américains la semaine dernière en marge de la conférence sur la sécurité de Munich, un rendez-vous annuel qui rassemble le gratin sécuritaire mondial.

Selon des propos rapportés mercredi par deux médias américains dont des reporters voyageaient avec la délégation du Congrès, les échanges sur la question du retrait des militaires américains de Syrie ont été vifs.

Les élus auraient reproché au ministre de la Défense par intérim d'accepter sans discuter la décision controversée du président américain Donald Trump de retirer les quelque 2000 militaires américains déployés dans le nord-est de la Syrie dans les plus brefs délais.

C'est apparemment Lindsey Graham lui-même qui a raconté les échanges aux deux reporters.

« Je suis arrivé, je me suis assis, et j'ai dit "je suis désolée d'être en retard, mais j'ai une question : est-ce que vous êtes en train de dire à tous nos alliés que nous aurons zéro troupe en Syrie d'ici le 30  avril ?" », a déclaré le sénateur républicain, cité par le site d'informations d'extrême droite Breitbart.

« Oui, ce sont nos instructions », a répondu M. Shanahan.   

« Et j'ai dit : "c'est l'idée la plus conne que j'ai jamais entendue" », a rétorqué M. Graham.

Adversaire

Selon le Washington Post, M. Graham a ajouté : « Si la politique (du Pentagone) est que nous partons d'ici le 30 avril, je suis désormais votre adversaire pas votre ami ».

Un responsable américain ayant requis l'anonymat a indiqué à l'AFP que la colère de M. Graham visait plus le projet de retrait de M. Trump que M. Shanahan lui-même.  

Le sénateur américain souhaiterait, lui, que quelques centaines de militaires américains restent en Syrie, pour épauler les forces alliées.

Questionné sur cet échange, un porte-parole de M. Shanahan a, lui, indiqué qu'il s'agissait d'une réunion à huis clos sur laquelle le Pentagone ne fait généralement pas de commentaire.

« Nous qualifierions celle-ci de discussion positive, productive, sur un large éventail de sujets mondiaux », a déclaré le lieutenant-colonel Joe Buccino à l'AFP.  

Le Washington Post cite pour sa part un élu démocrate non identifié qui a jugé que « si c'était un entretien d'embauche, (Shanahan) a échoué ».

Ministre par intérim depuis la démission fracassante en décembre de Jim Mattis, un ancien général des Marines en désaccord avec M. Trump sur le retrait militaire de Syrie, M. Shanahan devra être confirmé dans ses fonctions par une majorité de sénateurs pour être maintenu à son poste.

À Munich, il a peiné à convaincre ses partenaires de la coalition anti-État islamique (EI) d'établir une présence militaire dans le Nord syrien, une fois les Américains partis, pour protéger les alliés kurdes.