Choisi la semaine dernière par Donald Trump comme ambassadeur en Israël, David Friedman n'a aucune expérience diplomatique. En fait, cet avocat de Long Island spécialisé en droit de la faillite est l'« antidiplomate » par excellence, si l'on se fie aux opinions qu'il a exprimées dans des textes publiés sur le site israélien Arutz 7 en 2015 et en 2016. Opinions qui laissent peut-être présager un changement majeur dans la politique des États-Unis à l'égard d'Israël et des Palestiniens.

«PIRES QUE DES KAPOS»

Fondée en 2007 par des juifs progressistes, l'organisation américaine J Street se définit comme étant « pro-Israël » et « pro-paix » (avec les Palestiniens). Favorable à la politique des « deux États », elle s'oppose souvent au gouvernement de Benyamin Nétanyahou. Mais David Friedman ne lui reconnaît aucune légitimité, comme il l'écrivait en mai dernier. « Est-ce que les supporteurs de J Street sont aussi mauvais que les kapos ? La réponse est non. Ils sont pires que les kapos, ces juifs qui dénoncèrent leurs compatriotes juifs dans les camps de la mort nazis. Les kapos faisaient face à une cruauté extraordinaire et qui sait ce que nous aurions fait dans ces circonstances pour sauver un être cher ? Mais J Street ? Ils ne sont que les apôtres arrogants de la destruction d'Israël. »

«L'ANTISÉMITISME FLAGRANT» D'OBAMA

David Friedman a accusé Barack Obama d'antisémitisme à diverses occasions. Il a notamment utilisé ce mot après que le président et son secrétaire d'État John Kerry ont déploré « le cycle de la violence » à la suite d'attaques à l'arme blanche contre des civils israéliens. « Je regrette, mais il s'agit de meurtres purs et simples, et toute personnalité publique qui éprouve de la difficulté à le dire sans diluer son message dans des idioties géopolitiques fait preuve d'un antisémitisme flagrant », a-t-il écrit en mai dernier. Friedman s'est servi de la même expression pour décrier la façon dont le président américain avait, selon lui, critiqué les opposants à l'accord sur le nucléaire iranien. « L'antisémitisme flagrant qui émane de notre président et de ses laquais est palpable et troublant », a-t-il écrit en août 2015.

«IL N'Y A JAMAIS EU UNE SOLUTION À DEUX ÉTATS»

Officiellement, les gouvernements américain et israélien sont favorables à une solution à deux États pour régler le conflit israélo-palestinien. David Friedman se montre cependant sceptique, voire hostile, à l'égard de ce concept né des accords d'Oslo de 1993. « Il n'y a jamais eu une solution à deux États, seulement un narratif à deux États », a écrit l'avocat de 57 ans en février dernier. Selon lui, cette solution à deux États est une « arnaque » et une « illusion » qui n'a jamais existé parce qu'elle aurait exigé « que les Palestiniens acceptent Israël comme un État juif, renoncent au terrorisme, cessent l'incitation anti-israélienne dans leurs écoles et abandonnent leur désir de noyer Israël dans un flot de prétendus réfugiés venus d'autres pays et qui n'ont jamais passé une seule journée de leur vie en Israël ».

«CE NE SONT PAS DES TERRITOIRES OCCUPÉS»

David Friedman se démarque aussi de la politique actuelle des États-Unis concernant la Cisjordanie et Jérusalem-Est. Il encourage la poursuite des colonies juives dans ces territoires palestiniens occupés, appellation qu'il rejette d'emblée. « Dans la mesure où ils ont été pris au royaume de Jordanie, qui a presque aussitôt abandonné son intérêt pour la région, ce ne sont pas des territoires occupés », a-t-il écrit en octobre 2015 en faisant référence à la Judée et à la Samarie, les noms bibliques qu'il préfère employer pour parler de la Cisjordanie. Dans ses textes et ses interviews, Friedman défend l'idée de l'annexion éventuelle de la Cisjordanie, cherchant souvent à minimiser la présence des Palestiniens sur ce territoire. « Personne ne sait vraiment combien de Palestiniens vivent là-bas », a-t-il dit dans une interview accordée au quotidien israélien Haaretz.

«VLADIMIR POUTINE COMPREND»

Rien n'assure que les opinions de David Friedman sur Israël et les Palestiniens guideront la politique de Donald Trump sur ces sujets. Mais les deux hommes semblent partager la même admiration pour Vladimir Poutine et son pays. « La Russie va défaire l'EI. Pas avec une coalition de lâches, de parasites et d'hypocrites menés de l'arrière par le président américain, mais par elle-même », a écrit Friedman en novembre 2015. « Vladimir Poutine comprend. Il est peut-être une brute, comme l'a récemment décrit le sénateur Rubio, mais il sait comment déterminer un objectif national, exécuter un plan militaire et s'imposer au bout du compte. Et Bibi Nétanyahou comprend également. C'est pourquoi la coordination entre les armées russe et israélienne, et particulièrement leurs forces aériennes respectives, est à un niveau sans précédent. »

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David Friedman

PHOTO AMIR COHEN, REUTERS

Benyamin Nétanyahou, premier ministre d'Israël