Des dizaines d'exploitants agricoles et éleveurs armés occupaient mardi pour la 4e journée un parc naturel de l'Oregon, dans le nord-ouest des États-Unis, bien que les deux éleveurs pour lesquels ils protestent se soient rendus à la police après s'être désolidarisés du mouvement.

Les manifestants armés qui occupent depuis samedi un parc naturel de l'Oregon, dont beaucoup sont des éleveurs ou «cowboys» en anglais, commencent à évoquer leur départ, tandis qu'une tribu indienne a protesté contre leur mouvement.

Ammon Bundy, le meneur des manifestants, a déclaré mercredi à des journalistes devant le parc national Malheur (Malheur National Wildlife Refuge) qu'il savait que leur occupation, dans sa cinquième journée, devrait prendre fin à un moment ou un autre, même si ce moment n'est selon lui pas encore arrivé.

«Il y a un temps pour rentrer chez soi», mais «nous ne pensons pas que ce moment est arrivé», a-t-il déclaré sur la chaîne Fox.

Une dizaine d'occupants reste dans le parc, essentiellement des éleveurs comme Ammon Bundy, son frère Ryan, ou LaVoy Finicum, venu d'Arizona.

Certains de leurs acolytes sont d'anciens militaires antigouvernementaux comme Jon Ritzheimer, connu pour ses positions anti-islam.

L'occupation du parc a commencé en soutien à Dwight et Steven Hammond, deux éleveurs condamnés pour la seconde fois à de la prison pour avoir incendié des terres fédérales. Tous deux se sont présentés volontairement dans le centre pénitentiaire où ils purgent depuis leur peine.

Ils ont clairement pris leurs distances avec les occupants du Malheur, un parc perdu dans la campagne du nord-ouest américain.

Les manifestants armés demandent aussi à ce que les terres fédérales comme le parc national Malheur soient «rendues» au peuple.

«Les manifestants n'ont aucun droit sur ce territoire», a répliqué une tribu indienne d'Oregon, affirmant que l'occupation menée par les Bundy «profane l'une de nos terres sacrées», selon les termes de Charlotte Rodrique, l'une des représentantes de la tribu Burns Paiute.

Randy Eardley, porte-parole d'une agence fédérale de gestion des terrains fédéraux s'est également insurgé: «c'est frustrant d'entendre que nous devons rendre des terres au peuple, parce qu'elles sont déjà aux mains du peuple», contrairement aux terrains privatisés.

«Nous gérons (le parc Malheur) du mieux possible pour ses propriétaires, le peuple, que ce soit pour les loisirs, la pâture, l'exploitation minérale et énergétique», a-t-il ajouté.

L'organisation environnementale Audubon Society de Portland, principale ville d'Oregon, a également dénoncé le mouvement en affirmant qu'il menaçait un important refuge animalier.

Mardi, le shérif du comté de Harney, où se trouve le parc, avait souligné lors d'une réunion communale que l'occupation avait des conséquences économiques néfastes pour la région.

David Ward, qui a déjà appelé les Bundy et leurs acolytes à «rentrer chez eux», a souligné que les écoles locales étaient restées fermées toute la semaine par souci de sécurité, tout comme le tribunal, sans parler du parc lui-même, interdit au public jusqu'à nouvel ordre.

Si elle continue, l'occupation «aura un impact encore plus fort sur le tourisme et l'économie», a-t-il fait valoir.

PHOTO JIM URQUHART, REUTERS

Des miliciens s'entretiennent avec les médias, au parc Malheur Wildlife Refuge, dans l'Oregon, le 4 janvier.