Après avoir rêvé à Elizabeth Warren, la gauche américaine pourra au moins compter sur Bernie Sanders pour défier Hillary Clinton. Pourfendeur des inégalités, le sénateur du Vermont a annoncé hier sa candidature à l'investiture démocrate pour l'élection présidentielle de 2016, se lançant dans une course à laquelle sa collègue du Massachusetts a renoncé. Quatre mots pour comprendre le pari ambitieux de ce politicien iconoclaste.

> Réagissez sur le blogue de Richard Hétu

SOCIALISTE

Né à Brooklyn il y a 73 ans de parents juifs polonais, Bernie Sanders est le seul élu du Congrès américain à se décrire comme un «socialiste». Un socialiste «démocratique», a-t-il l'habitude de préciser pour montrer qu'il n'est pas un partisan du goulag. Hier, lors d'une conférence de presse à Washington, il a donné un aperçu de sa vision politique marquée à gauche en dénonçant un système économique «immoral» où «les 1% les plus riches détiennent presque autant de richesse que les 90% les moins riches». Et d'ajouter: «Nous ne pouvons pas continuer à avoir un pays qui a à la fois le plus haut taux de pauvreté chez les enfants parmi tous les grands pays de la Terre et une prolifération de millionnaires et de milliardaires.»

INDÉPENDANT

Tout socialiste soit-il, Bernie Sanders s'est fait élire au Sénat américain en 2006 sous l'étiquette «indépendant» après avoir siégé pendant 16 ans à la Chambre des représentants et servi en tant que maire de la plus grande ville du Vermont, Burlington, de 1981 à 1989. Il aurait pu se présenter à la présidence comme indépendant mais il a choisi de se présenter sous la bannière démocrate, histoire de pouvoir défier l'ancienne secrétaire d'État américaine, dont il se méfie. «J'ai des doutes concernant la capacité d'Hillary Clinton ou de n'importe quel républicain à s'attaquer aux grands de la finance qui contrôlent une si grande partie de notre économie», a-t-il déclaré en avril sur Fox News. Depuis son élection au Sénat américain, Sanders siège avec le groupe démocrate.

PROGRAMME

Fidèle à l'idéologie socialiste, Bernie Sanders prône un plus grand rôle de l'État dans l'économie afin de créer des emplois et de reconstruire les infrastructures des États-Unis. Il préconise en outre une augmentation du salaire minimum fédéral, bloqué à 7,25$ l'heure depuis 2009, et le démantèlement des grandes banques du pays. Tout en s'opposant farouchement à l'accord de libre-échange Asie-Pacifique voulu par Barack Obama, il défend les politiques du président en matière d'immigration et d'environnement. Sur le plan de la santé, il appelle à l'instauration d'un système universel à la canadienne. «La classe moyenne en Amérique est à un tournant. Cela ne durera pas une autre génération si nous ne changeons pas hardiment de cap maintenant», a-t-il écrit dans un courriel annonçant sa candidature à ses partisans.

CHANCES

Même s'il revendique plus d'abonnés sur Twitter que plusieurs politiciens mieux connus que lui, Bernie Sanders est conscient de ne pas avoir la notoriété d'Hillary Clinton. «La plupart des gens en Amérique n'ont jamais entendu parler de Bernie Sanders. Plus de 90% des Américains connaissent Hillary Clinton», a-t-il dit au quotidien USA Today. Cela étant, le sénateur du Vermont met en garde les journalistes contre la tentation de minimiser ses chances de rivaliser avec la favorite. «Elle aura absolument plus de moyens que moi. Mais je pense que nous pourrons lever des sommes significatives grâce à des petites contributions individuelles», a-t-il dit. Selon la moyenne des sondages du site RealClearPolitics, Sanders récoltait hier matin 6% des intentions de vote chez les démocrates contre 62% pour Clinton.