Après trois journées à New York qui ont marqué les esprits, le premier ministre indien Narendra Modi a été reçu mardi à la Maison-Blanche par Barack Obama, les deux hommes affichant leur volonté d'aboutir à une coopération plus ambitieuse.

«L'arrivée d'un nouveau gouvernement en Inde est une opportunité naturelle d'élargir et renforcer nos relations», écrivent, dans une tribune publiée dans le Washington Post, les deux dirigeants qui réclament «plus d'ambition et de confiance» entre les deux pays.

Arrivé peu avant 11 h à la Maison-Blanche, Modi était vêtu d'un costume sombre contrastant avec la tenue orange qu'il arborait dimanche au Madison Square Garden, à New York, où il a été reçu en rock-star par la diaspora indienne. Il devait s'entretenir pendant un peu plus d'une heure avec M. Obama dans le Bureau ovale.

Modi avait déjà rencontré le président américain lundi soir à la Maison-Blanche lors d'un dîner en présence d'une vingtaine de personnes parmi lesquelles le secrétaire d'État John Kerry et le ministre indien des Affaires étrangères Sushma Swaraj.

Le premier ministre indien, qui suit strictement les préceptes de l'hindouisme et jeûne chaque année à l'occasion de la fête de Navratri (25 septembre au 3 octobre cette année), n'a pas partagé le repas avec ses hôtes. Un flétan à la sauce carotte et gingembre et une crème brûlée à la mangue figuraient notamment au menu préparé par le cuisinier de la Maison-Blanche.

Cette visite en grande pompe dans la capitale fédérale américaine a un goût particulier pour le dirigeant indien, arrivé au pouvoir en mai après le succès historique des nationalistes hindous lors des législatives. En 2005, il s'était vu refuser un visa par les États-Unis en raison des émeutes anti-musulmanes ayant ensanglanté l'État du Gujarat qu'il dirigeait en 2002.

Sa venue est aussi l'occasion pour les deux pays de tourner la page d'une période tendue après l'arrestation en décembre à New York d'une diplomate indienne soupçonnée d'avoir exploité son employée de maison.

«L'entente parfaite n'existe pas»

Élu sur la promesse de redonner du lustre à l'économie indienne, Modi a entamé sa tournée américaine au lendemain du lancement de sa campagne de promotion de l'Inde comme plateforme industrielle.

Depuis son arrivée au pouvoir, il a déjà assoupli les règles d'investissement étranger dans des secteurs-clés tels que la défense ou l'assurance. Cependant, son refus de ratifier un accord à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) a brouillé son message, selon ses détracteurs.

Lundi, le premier ministre indien a souligné qu'il était opposé aux entraves au commerce, à condition qu'il permette à l'Inde de nourrir les plus démunis de ses citoyens et de protéger sa classe moyenne émergente.

En dépit de points de désaccord persistants avec Washington, il a estimé que la relation entre les deux pays était solide et pouvait encore s'améliorer.

«Il n'est pas nécessaire de s'entendre sur tout. Même entre un mari et une femme, l'entente parfaite n'existe pas», a-t-il lancé, déclenchant les rires, lors d'une intervention lundi devant le Council on Foreign Relations.

L'Afghanistan devait être au menu des discussions entre les deux hommes, quelques heures après la signature d'un accord de sécurité bilatéral entre Washington et Kaboul régissant la présence d'un contingent militaire américain en Afghanistan.

«Ne faites pas (en Afghanistan) l'erreur que vous avez faite en Irak» en retirant les troupes trop rapidement, a mis en garde lundi le premier ministre indien lors de son allocution au CFR.

Dans leur tribune commune, les deux dirigeants, qui soulignent leur coopération étroite dans le domaine militaire ou encore de l'exploration spatiale, soulignent leur volonté de renforcer la coopération, en particulier scientifique pour améliorer «la qualité et la fiabilité» des services essentiels pour les Indiens les plus démunis.

Ils citent la campagne Clean India, lancé par Modi pour rendre l'Inde plus propre. Les fonctionnaires indiens ont été appelés à venir travailler jeudi, jour férié célébrant l'anniversaire de Gandhi, afin de nettoyer leurs locaux, y compris les toilettes.