Reggie Love, l'ancien assistant personnel de Barack Obama, était en conférence à l'UQAM, cette semaine. Rencontre avec celui qui a partagé le quotidien d'Obama lors des pires moments de sa campagne - jusqu'au Bureau ovale de la Maison-Blanche.

Reggie Love a travaillé durant six ans aux côtés de Barack Obama: un an dans son bureau de sénateur, deux ans en campagne électorale et trois ans à la Maison-Blanche. Il était avec lui 7 jours sur 7, près de 24 heures sur 24.

«C'était un boulot de fou, a lancé M. Love, invité à Montréal, mardi, par la chaire Raoul-Dandurand et le Consulat général des États-Unis à Montréal. Quand Obama a été élu, en 2008, je travaillais avec lui depuis déjà trois ans. Il m'a dit: «Hey, est-ce que tu viens à la Maison-Blanche avec moi, ou quoi? " Je voulais dire non, j'étais épuisé. Mais, je ne sais pas pourquoi, ma bouche a prononcé le mot oui.»

Son travail: être le body man d'Obama. Celui qui lui rappelle discrètement son horaire, garde son téléphone, son iPad, ses journaux, ses stylos. Celui qui ouvre un parapluie dès qu'une goutte menace d'atterrir sur le cuir chevelu de l'homme le plus puissant du monde.

Âgé de 33 ans, diplômé en science politique de l'Université Duke, Love a eu un parcours atypique. Joueur sur l'équipe de basketball et de football de son université, il a été mis à l'essai par les Packers de Green Bay, puis par les Cowboys de Dallas. Or, il a vite été séduit par le mode de vie de certains de ses amis, qui faisaient beaucoup d'argent à Wall Street.

«J'ai décidé d'étudier pour aller travailler chez Goldman Sachs, a-t-il dit. Entre-temps, j'ai postulé un emploi dans le bureau d'un sénateur à Washington. Mon CV s'est retrouvé entre les mains de Pete Rouse, chef de cabinet de Barack Obama, qui était alors sénateur. Il m'a appelé, et j'ai eu le boulot.»

Embauché comme assistant, Love s'est fait remarquer lorsqu'il a numérisé le tri du courrier dans la salle de courrier d'Obama, qui croulait sous les enveloppes depuis des mois. Lorsque Obama s'est lancé dans la course à la direction du Parti démocrate, Love est devenu son assistant personnel.

«Au départ, lors des caucus de l'Iowa, c'était difficile. J'étais une épine dans son pied. Mon rôle était de lui dire: «Monsieur, vous devez y aller, votre horaire dit que vous devez être ailleurs.» Il a fini par me dire: "Écoute, Reggie, je suis le candidat. Toi, tu es plus près de l'âge de mes filles que du mien. C'est moi qui décide de mon horaire.»»

Les choses se sont arrangées et Love est devenu le confident d'Obama, la soupape qui lui permettait de discuter tranquillement dans la tempête médiatique soulevée par sa candidature et la rivalité avec Hillary Clinton. «Nous parlions de choses et d'autres, ça lui changeait les idées. Je ne le réalisais pas à l'époque, mais cela avait une importance cruciale pour sa campagne. Ça a duré deux ans comme ça.»

Reggie Love a raconté avoir joué aux cartes avec Obama et d'autres responsables à la Maison-Blanche, le jour où Oussama ben Laden a été tué par un commando de Navy Seal, en mai 2011. «Nous n'avons pas joué aux cartes durant le raid, comme des médias l'ont affirmé. Nous avons joué durant la journée, pour faire baisser la tension et passer le temps.»

M. Love a donné son point de vue sur l'extraordinaire succès d'Obama auprès des jeunes, qui ont voté en nombre record lors de ses deux élections, en 2008, puis en 2012.

«Pour parler aux jeunes électeurs, les politiciens ne doivent pas simplement modifier leur discours: ils doivent leur parler des choses qui les intéressent. Il ne faut pas avoir peur d'envoyer du matériel de campagne à une population ciblée, très étroite. Aussi, c'est important d'essayer, d'innover, sans savoir quel impact cela aura. Il ne faut pas avoir peur de se tromper.»

La campagne présidentielle de 2008, dit-il, était excitante, car la spontanéité créait une atmosphère de fébrilité. «Nous fabriquions l'avion pendant qu'il décollait à toute allure sur le tarmac», résume-t-il.

Reggie Love a aussi joué d'innombrables parties de basketball avec le président et plusieurs autres collègues. Obama est-il un bon joueur?

«C'est un gaucher, 6 pieds 2 pouces. Il tire plutôt bien. Que ce soit lui qui marque un point, ou un autre joueur, ce n'est pas important. L'important, c'est qu'il gagne.»