La consule indienne à New York, dont l'arrestation, l'inculpation et l'expulsion créent des tensions diplomatiques entre l'Inde et les États-Unis, a évoqué dimanche «l'angoisse immense» de laisser ses enfants et sa détermination à prouver sa bonne foi.

Devyani Khobragade, 39 ans, est accusée par les autorités américaines d'avoir menti sur le statut de son employée de maison indienne, de l'avoir sous-payée et exploitée.

Son arrestation et sa fouille au corps le 12 décembre, inimaginable en Inde pour une femme, mais pratique habituelle à New York selon le procureur, avait indigné les autorités indiennes.

Après plus d'un mois de tensions, la consule a été inculpée de fraude au visa et fausse déclaration, mais elle a obtenu une immunité diplomatique totale lui permettant de repartir en Inde.

Elle a confié à un journal indien, le Sunday Express, la douleur de quitter les États-Unis sans ses filles, âgées de 7 et 4 ans, restées avec leur père, un universitaire américain.

«Je me demande si je vais pouvoir un jour retrouver ma famille, mon mari, mes jeunes enfants. Ils me manquent», a-t-elle déclaré.

«Que se passera-t-il si mes enfants choisissent d'étudier et de travailler aux États-Unis? Si je ne peux jamais revenir aux États-Unis, ce qui m'est désormais interdit. Cela veut-il dire que nous ne pourrons jamais plus vivre ensemble comme une famille?».

Le traitement subi par la consule, arrêtée alors qu'elle déposait ses deux enfants à l'école et fouillée jusque dans ses «cavités corporelles», avait poussé New Delhi à prendre une série de mesures de rétorsion.

L'Inde a ainsi enlevé les barrières de sécurité devant l'ambassade américaine de New Delhi, a demandé les contrats des employés de maison des diplomates américains en Inde et bloqué les importations d'alcool destiné à l'ambassade américaine.

L'impopulaire gouvernement du parti du Congrès indien qui tente de regagner la faveur de l'électorat d'ici aux élections législatives prévues avant mai, a enfin demandé vendredi aux États-Unis de rappeler un diplomate de leur ambassade à New Delhi.

Ce diplomate était en route samedi pour les États-Unis. De «rang similaire» à la consule indienne, il ou elle aurait aidé la famille de l'employée au centre de la polémique à trouver refuge aux États-Unis afin d'échapper à d'éventuelles représailles ou intimidations.

Dans l'interview au Sunday Express, Mme Khobragade a assuré qu'elle poursuivrait son combat judiciaire pour laver son honneur.

«Je suis retournée en Inde, mais je dois continuer à me défendre. Et naturellement, j'ai été séparée de ma famille, et j'ai beaucoup d'angoisse pour mes enfants», a-t-elle dit.

«Je sais que je suis honnête et que je serai blanchie. Mais nous ne savons pas combien de temps cela prendra et combien de temps ma famille aura à endurer cela», a-t-elle ajouté.

La diplomate ne peut revenir aux États-Unis à moins de se présenter devant la justice. Son nom a été ajouté à une liste des services de l'immigration l'empêchant de recevoir un visa de séjour, selon Washington.

Cette affaire a porté un coup à l'entente entre l'Inde et les États-Unis qui se qualifient pourtant mutuellement de partenaire stratégique.

Les États-Unis, sous Georges W. Bush puis Barack Obama, ont misé sur une amélioration des relations avec l'Inde, destinée à contrebalancer l'influence chinoise en Asie.

L'Inde a notamment obtenu le soutien américain pour l'accès aux technologies nucléaires étrangères et Washington est devenu un fournisseur important d'armes pour Delhi.