L'armée américaine a mis en ligne mercredi sur internet 84 documents relatifs au procès du soldat Bradley Manning, «taupe» présumée de WikiLeaks, sous la pression d'organes de presse et d'ONG qui dénonçaient des restrictions à la liberté d'informer.

La décision, annoncée dans un communiqué, fait suite à des requêtes déposées au nom de la Loi sur la liberté d'informer (Freedom of Information Act, FOIA) par 31 organes de presse, parmi lesquels le Washington Post et CNN, et le Centre pour les droits constitutionnels, qui s'estimaient empêchés d'informer le public sur l'affaire Manning en raison du secret couvrant les ordres de la cour et les motions présentées par les différentes parties.

Ce type de documents est quasiment toujours mis à la disposition du public dans les cours fédérales civiles. Même à Guantanamo, où se tiennent les audiences préliminaires au procès des accusés des attentats du 11-Septembre ou de l'USS Cole, la justice militaire rend publics ces documents.

Ce sera dorénavant le cas dans l'affaire Manning, qui porte sur l'une des plus importantes fuites de documents classifiés de l'histoire américaine.

L'analyste de renseignement âgé de 25 ans est accusé d'avoir transmis au site WikiLeaks, entre novembre 2009 et mai 2010, des documents militaires américains sur les guerres en Irak et en Afghanistan, et 260 000 dépêches du département d'État.

À ce stade, 84 documents ont été rendus publics. Ils concernent des recours ou des jugements intermédiaires, ainsi que la transcription partielle d'une déposition de Manning, effectués lors des audiences préliminaires au procès qui doit débuter en juin.

«En raison du volume des documents, il faudra du temps pour les passer en revue, censurer, et rendre publics tous les documents recevables», affirme l'armée dans un communiqué, selon qui 500 documents représentant plus de 30.000 pages ont été présentés par les parties ou le juge.

Par ailleurs, lors de l'audience mercredi sur la base de Fort Meade (Maryland, est), la juge militaire Denise Lind a infligé un revers à la défense en lui refusant de plaider que les documents transmis par Bradley Manning avaient fait l'objet d'une classification top secret à mauvais escient.

Les débats sont retransmis dans la salle de presse avec un léger différé, le temps pour un officier de la sécurité de couper la retransmission en cas de sujet sensible. Ils ont porté mercredi sur une motion de l'accusation demandant à limiter la publicité des débats, voire à siéger à huis clos, lorsque des témoins viendront évoquer des informations classifiées lors du procès.

Selon le procureur, le major Ashden Fein, sur 141 témoins, des mesures restrictives à la publicité des débats devraient s'appliquer à 73 d'entre eux, «pas nécessairement sur l'intégralité de leur témoignage».

De son côté, Bradley Manning, en détention depuis plus de 1.000 jours, doit prendre la parole jeudi devant la juge pour présenter son projet de plaider-coupable «révisé».

La cour devait siéger mercredi après-midi à huis clos pour discuter de cette question.

La juge a déjà accepté les termes de huit charges, passibles de 16 ans d'emprisonnement, sur les 22 chefs d'accusation auxquels Bradley Manning devra répondre.

Le plus grave, celui de «collusion avec l'ennemi», pour lequel Manning s'estime non-coupable, est passible de la réclusion à perpétuité.