Une quinzaine de dirigeants religieux et civils de la communauté musulmane de New York ont boycotté le déjeuner annuel organisé par le maire Michael Bloomberg, vendredi, pour protester contre la surveillance des musulmans par la police de la ville.

Le programme d'espionnage de la police de New York a été révélé pour la première fois dans une série d'articles de l'Associated Press.

Michel Bloomberg n'a pas parlé directement de ce boycottage durant le déjeuner, un événement qui sert depuis longtemps de vitrine à la diversité de la ville.

Les commentaires évasifs du maire au sujet du boycottage des leaders musulmans ont déçu Hussein Rashid, un professeur d'études islamiques qui a participé au déjeuner et qui espérait que M. Bloomberg saisisse l'occasion pour parler des préoccupations de la communauté musulmane.

Le maire Bloomberg a suscité l'admiration de nombreux New-Yorkais musulmans l'an dernier quand il s'est porté à la défense du projet de centre culturel islamique et de mosquée près de l'ancien World Trade Center.

M. Rashid, qui portait un t-shirt affirmant «Je ne suis pas un terroriste», a indiqué que les leaders des autres communautés religieuses qui ont participé au déjeuner avaient exprimé leur soutien aux dirigeants qui ont décidé de ne pas s'y présenter.

«Ce n'est pas une question musulmane. C'est une question de droits civils», a-t-il dit.

Hesham El-Megily, fondateur de la coalition Building Bridges («Construire des ponts») à Staten Island, a expliqué qu'il avait boycotté le déjeuner dans l'espoir de persuader le maire de cesser de soutenir le programme de surveillance.

«Je ne m'intéresse pas au déjeuner, je m'intéresse aux libertés pour lesquelles je suis venu dans ce pays», a dit El-Megily, qui est d'origine égyptienne.

Le rabbin Michael Weisser, qui a signé la lettre des leaders musulmans en signe d'appui mais qui a tout de même participé au déjeuner, a indiqué qu'il avait dit à plusieurs responsables que «la municipalité a l'obligation de combler les lacunes et de parler aux gens» au sujet du programme de surveillance.

Pour lui, ce programme de surveillance est comparable au ciblage des juifs avant la Seconde Guerre mondiale. «Si nous pouvons avoir une surveillance envahissante sans que cela paraisse mal, cela veut dire que tout le monde est à risque», a estimé le rabbin.

Lors de son intervention radiophonique hebdomadaire vendredi matin, Michael Bloomberg a défendu la police de New York, assurant qu'elle ne visait aucun groupe en particulier.

«Nous avons de bonnes relations interculturelles ici. Les communautés, qu'elles soient musulmanes, juives, chrétiennes, hindoues, bouddhistes ou peu importe, contribuent toutes à cette ville. Nous n'en visons aucune en particulier. Nous ne visons aucun quartier en particulier.»

Les articles publiés par l'Associated Press ont montré que la police de New York a infiltré des quartiers musulmans et des mosquées dans le cadre de programmes de surveillance élaborés par un agent de la CIA.

Les documents obtenus par l'AP révèlent que des policiers en civil ont visité des entreprises détenues par des musulmans, comme des librairies et des cafés, et ont discuté avec les propriétaires pour déterminer leur origine et connaître leurs opinions. Ils se sont aussi infiltrés dans des ligues de cricket et ont procédé à des écoutes téléphoniques dans des groupes à caractère ethnique.

Les documents montrent que les agents ont amassé des renseignements sur des gens qui n'étaient pas accusés ni soupçonnés de quoi que ce soit.