Un juge fédéral américain a classé la plainte déposée par les familles de quatre anciens employés de la société privée de sécurité Blackwater (aujourd'hui Xe) qui avaient été massacrés en Irak en 2004, provoquant la réaction indignée mardi des plaignants.

Stephen Helvenston, Mike Teague, Jerko Zovko et Wesley Batalona étaient sous contrat avec Blackwater quand ils se sont retrouvés, le 31 mars 2004, «perdus au centre de Falloujah, faute de carte routière et d'information sur le chemin», selon la plainte déposée début 2005 par leurs familles contre Blackwater et qui a été classée vendredi.

Là, ils ont été attaqués par des Irakiens qui leur «ont tiré dessus à bout portant, les ont sortis de leurs véhicules, battus, brûlés, défigurés puis ont dépecé leurs corps». Les cadavres calcinés de deux d'entre eux avaient été suspendus à un pont de Falloujah, une image qui avait fait le tour du Monde un an après le début de l'intervention américaine en Irak.

Dans une courte décision, le juge fédéral de Raleigh James Fox a estimé que la plainte ne pouvait pas continuer d'être instruite dans la mesure où les parties ne se sont pas acquittées des frais de justice.

«Les familles des victimes ont été obligées d'entrer dans une procédure de conciliation, elles avaient prévenu qu'elles n'avaient pas d'argent», a expliqué mardi à l'AFP leur avocat Daniel Callahan. Il a expliqué que la plainte originelle, contre l'employeur Blackwater pour n'avoir pas averti, préparé et encadré suffisamment ses hommes, avait été déposée devant un tribunal local de Caroline du Nord.

Mais, selon lui, à la demande de Blackwater, elle a été transférée devant un tribunal fédéral qui a confié son instruction à une commission de conciliation, une procédure souvent utilisée dans les conflits entre employés et employeurs qui permet d'éviter l'organisation d'un procès.

«Les familles n'ont pas droit à la justice parce qu'elles ne sont pas assez riches pour payer les membres privés de la commission de conciliation», a-t-il déploré, regrettant que «le juge n'ait pu que décider de s'en laver les mains».

Jugeant la décision «injuste», M. Callahan a annoncé le dépôt d'un recours devant la cour d'appel fédérale afin d'obtenir le retour du dossier devant un tribunal local et un procès en bonne et due forme.