L'avant-veille, le chef de la majorité au Sénat l'avait traité de «dictateur». La veille, un de ses collègues démocrates avait décrié la politique monétaire de son pays, cause de pertes d'«emplois et de richesse» aux États-Unis, selon lui. Le même jour, un parlementaire républicain était même allé jusqu'à condamner son «régime de gangsters qui assassine ses propres citoyens et qui devrait être traité comme tel».

Au lendemain de son accueil en grande pompe à la Maison-Blanche, le président chinois, Hu Jintao, s'est trouvé en terrain hostile jeudi matin à l'occasion d'une visite au Capitole, siège du Congrès américain, où il a rencontré séparément des élus du Sénat et de la Chambre des représentants.

Plusieurs parlementaires s'étaient préparés à des échanges vigoureux avec le président Hu. Or, le chef d'État chinois est parvenu à limiter à deux le nombre de questions auxquelles il a répondu lors de sa rencontre avec les représentants de la Chambre. Ceux-ci ont dû observer le silence pendant que leur visiteur leur lisait un texte, ce qui a duré environ 20 minutes.

Seuls le nouveau président républicain de la Chambre, John Boehner, et la chef de la minorité démocrate, Nancy Pelosi, ont pu lui poser des questions. Le premier a parlé de la contrefaçon en Chine de produits américains et du comportement agressif de la Corée du Nord. La deuxième a abordé la question des droits de l'homme, notamment le traitement du Prix Nobel de la paix 2010, le dissident emprisonné Lui Xiabao.

«Les dirigeants ont le devoir de faire mieux, et les États-Unis, celui de leur demander des comptes», a déclaré John Boehner dans un communiqué après cette rencontre.

Le président Hu a également rencontré un petit groupe de sénateurs, dont Harry Reid, le dirigeant démocrate qui l'avait qualifié de "dictateur" lors d'une entrevue radiophonique mardi soir. Jeudi, le sénateur du Nevada est revenu sur cette épithète accolée à un président étranger qui avait eu droit la veille à un fastueux dîner d'État à la Maison-Blanche.

«Je n'aurais peut-être pas dû dire «dictateur», mais c'est un gouvernement différent du nôtre, c'est le moins qu'on puisse dire.»

Harry Reid a qualifié de «productive» la rencontre entre les sénateurs et le président chinois.

Le président Hu a prononcé un discours à Washington devant des représentants du monde des affaires. Il a profité de l'occasion pour appeler les États-Unis à respecter la souveraineté de Pékin sur le Tibet et Taiwan. Il mettra fin à sa visite aujourd'hui à Chicago.