Annie Le, 24 ans, devait se marier dimanche dernier. Mais ce jour-là, la police a plutôt découvert son cadavre coincé dans une cloison dans un mur d'un laboratoire de l'Université Yale, au Connecticut. Qui a étranglé Annie Le? Et pourquoi?

Ce matin, la police de New Haven a arrêté l'homme qui était déjà dans la mire des médias depuis le début de la semaine : Raymond Clark III, un technicien de laboratoire de 24 ans, qui travaillait dans le même immeuble où l'étudiante en pharmacie menait des travaux de recherche. Les médias ont déjà tout dévoilé de lui, ou presque. Des portraits et images de lui et sa fiancée, des détails sur leur mariage prévu en décembre 2011, un extrait du blogue de sa fiancée datant de l'an dernier où elle dément des rumeurs d'infidélité de sa part. Une ancienne logeuse l'a décrit comme «asocial», un voisin le qualifie de «tranquille», un collègue le dépeint comme hyper minutieux et colérique.

L'homme a été interrogé mardi par la police et son ADN a été prélevé, avant qu'il ne soit relâché. Des examens doivent déterminer si son ADN peut être lié aux indices prélevés sur la scène du crime. Ce matin, la police a déclaré que le mobile du crime était «professionnel» et pas «passionnel».  

Hier, la police de New Haven, où se trouve l'Université Yale, a précisé qu'Annie Le avait été étranglée. Des sources du réseau ABC ont affirmé que Raymond Clark présentait des blessures aux bras et à la poitrine et que la victime s'était férocement débattue contre son agresseur. De plus, Clark aurait envoyé un message texte à Annie Le le jour de sa disparition à propos des souris de laboratoire avec lesquelles elle travaillait et dont il prenait soin. Il aurait également échoué au test du polygraphe.

Le New Haven Independent a retracé une plainte déposée contre Raymond Clark par une ancienne amie de coeur qui l'avait accusé de l'avoir forcée à avoir des relations sexuelles et de l'avoir harcelée lorsqu'elle a voulu mettre fin à leur relation.

Annie Le était a disparu le 8 septembre. Les dernières images d'elle ont été captées par une caméra de surveillance de l'immeuble où elle menait des travaux de recherche médicale. Elle devait épouser dimanche un étudiant de l'Université Columbia.

Nommer, ou pas

Avant même d'être arrêté par la police de New Haven, Raymond Clark a déjà vu son identité et sa vie privée étalées dans tous les médias américains.

Tous? Pas dans le New Haven Independent. Le journal a refusé de publier le nom du technicien - alors que même la police l'avait fait - tant que des accusations n'était pas portées. Il a nommé pour la première fois Clark ce matin, après son arrestation.

Le journal n'a pas oublié l'enquête bâclée autour de la mort de Suzanne Jovin, une étudiante de Yale retrouvée poignardée en 1998. Sans avoir de preuve solide, les policiers avaient publiquement identifié un professeur de l'université comme étant une «personne d'intérêt», «menant immédiatement le public à penser qu'il avait commis le crime», a rappelé hier le New Haven Independent.

«La stratégie pour forcer le professeur à se confesser avait échoué. Dans les faits, aucune preuve ne l'a jamais lié au crime. Mais l'épisode a brisé sa carrière», écrit le journal. L'assassin de Jovin n'a jamais été retrouvé.