Les Treize clés de la Maison-Blanche, un système mathématique fondé sur l'analyse des présidentielles de 1860 à 1980, permettent de prédire sans faillir le vainqueur du vote populaire, assure son co-inventeur Allan Lichtman, professeur d'histoire à l'American University.

Le système, qui a fait l'objet d'une communication dans les Annales de l'académie américaine des sciences (PNAS) et d'un livre publié en 1990, annonce cette année la victoire du démocrate Barack Obama.

«Je voyais déjà souffler le vent du changement en faveur des démocrates au début 2006», rappelle Allan Lichtman, citant pour preuve une interview qu'il a donnée au magazine Foresight début 2006.

Ce système, mis au point en 1981 avec le mathématicien russe Volodia Keilis-Borok, comprend 13 variables ou «clés» qualifiées de «positives» ou «négatives». Le parti au pouvoir ne doit pas récolter plus de cinq clés négatives s'il veut l'emporter.

Les Treize clés prennent en compte la situation économique, intérieure et mondiale, l'existence de troubles sociaux et d'un scandale frappant le président sortant. La formule ignore les sondages, la stratégie des candidats, les débats présidentiels et le choix des colistiers.

«Ce système est fondé sur la théorie selon laquelle l'élection présidentielle est surtout un verdict des performances des sortants», explique le Professeur Lichtman.

«C'est la raison pour laquelle on peut faire des prédictions avant même de connaître le nom du candidat», poursuit-il. «Longtemps avant la fin des primaires, les démocrates auraient pu tirer au hasard un nom d'un annuaire téléphonique et gagner la présidentielle cette année».

Le fait que Barack Obama soit Noir introduit un élément d'incertitude dans la formule mais pas suffisamment pour la faire mentir, estime l'historien.

Selon ce système, neuf des treize clés sont négatives pour le président républicain George W. Bush. Voici les réponses aux 13 clés pour 2008:

1/ Après les dernières élections législatives, le parti républicain a obtenu plus de sièges à la Chambre des représentants: Faux.

2/ John McCain a été investi par les républicains sans véritable bataille au sein du parti: Vrai.

3/ Le candidat du parti sortant est le président: Faux.

4/ Il n'y a pas de candidat indépendant significatif: Vrai.

5/ L'économie n'est pas en récession durant la campagne: ceci est théoriquement vrai mais la gravité de la crise financière est négative pour les républicains, relève Allan Lichtman.

6/ La conjoncture économique a été meilleure durant la présidence sortante que lors des deux précédents mandats: Faux.

7/ M. Bush a mis en oeuvre des politiques d'envergure ayant amélioré la vie des Américains: Faux.

8/ Il y a eu des troubles sociaux comme des émeutes durant le mandat de M. Bush: Faux

9/ Un scandale a éblaboussé le président sortant: Faux.

10/ L'administration Bush n'a pas subi d'échec majeur en politique étrangère: Faux.

11/ M. Bush a obtenu un grand succès en politique étrangère: Faux.

12/ Le candidat du parti au pouvoir est charismatique ou un héros national: Faux. «John McCain n'est pas charismatique. Il est un héros à titre personnel mais pas pour ses actes en tant que chef», note Allan Lichtman.

13/ Le candidat d'opposition n'est pas charismatique: Faux.

«On compte au moins neuf faux, ce qui fait que M. Obama remportera la Maison-Blanche», conclut l'historien, qui prévoit même un écart de huit points en faveur du démocrate.