(Peshawar) Le Pakistan s’apprête à lancer une deuxième vague d’expulsions d’Afghans le mois prochain, après celle de l’automne dernier, dans un contexte de tensions croissantes entre les deux pays, a appris l’AFP auprès de plusieurs responsables pakistanais.

Entre la mi-septembre et le 13 janvier derniers, plus de 500 000 Afghans ont dû quitter le Pakistan, qui avait décrété un ultimatum en novembre pour le retour dans leur pays des sans-papiers, selon des chiffres publiés début 2024 par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Le Pakistan avait justifié cette mesure par des craintes pour la sécurité du pays et par le poids représenté par les Afghans sur son économie en difficulté, mais des analystes estimaient qu’elle avait pour but de forcer le gouvernement taliban à agir face à l’activité déployée par des groupes armés à sa frontière.

« Les autorités militaires nous ont informés que la seconde phase du rapatriement des immigrés afghans illégaux commencerait après l’Aïd », a indiqué à l’AFP un responsable gouvernemental ayant requis l’anonymat, de la province du Khyber Pakhtunkhwa, frontalière de l’Afghanistan.

L’Aïd el-Fitr, qui marque la rupture du jeûne du mois de ramadan, sera célébré pendant plusieurs jours la deuxième semaine d’avril.

Un officier supérieur de la police basé dans la capitale provinciale de Peshawar, ayant également requis l’anonymat, a confirmé à l’AFP qu’une seconde phase de l’opération ciblant les « Afghans illégaux » débuterait après l’Aïd.

« La police du Khyber Pakhtunkhwa a reçu l’ordre d’identifier les lieux où résident les immigrés afghans illégaux », a-t-il déclaré.  

« Cependant, le gouvernement fédéral n’a pas encore donné de directives spécifiques concernant la nature de cette opération », a-t-il dit.

A l’automne 2023, Islamabad avait fixé un ultimatum au 1er novembre pour le départ de 1,7 million de réfugiés afghans sans papiers.

Des millions d’Afghans étaient allés trouver refuge au Pakistan ces dernières décennies, fuyant les conflits.

Parmi eux, quelque 600 000 Afghans avaient quitté leur pays en raison du retour au pouvoir à Kaboul en août 2021 des talibans, qui ont imposé une interprétation ultra-rigoureuse de la loi islamique.

Depuis le retour au pouvoir des talibans, les tensions frontalières entre les deux pays musulmans se sont envenimées.  

Le Pakistan affirme que des groupes armés, tels les talibans pakistanais du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), mènent des attaques planifiées depuis le sol afghan, via une frontière très poreuse.

Le gouvernement afghan a toujours nié abriter des groupes armés étrangers utilisant son sol pour lancer des attaques contre ses voisins.

Lundi, le Pakistan a mené des frappes aériennes sur l’est de l’Afghanistan qui ont tué huit civils et entraîné une riposte de Kaboul avec des tirs « à l’arme lourde » sur des zones frontalières.

Ces attaques aériennes sont survenues deux jours après que des assaillants ont tué sept soldats dans le nord-ouest du Pakistan, dans le Waziristan du Nord, près de la frontière avec l’Afghanistan.