(Tokyo) Le Japon et l’Inde ont dénoncé samedi les propos du président américain Joe Biden les qualifiant de pays « xénophobes » qui n’accueillent pas les immigrants, ce que le président a déclaré lors d’un évènement de collecte de fonds pour sa campagne, plus tôt cette semaine.

Le Japon a affirmé que le jugement de M. Biden n’était pas fondé sur une compréhension précise de sa politique, tandis que l’Inde a réfuté ce commentaire, se défendant comme la société la plus ouverte au monde.

M. Biden a regroupé le Japon et l’Inde comme pays « xénophobes », aux côtés de la Russie et de la Chine, alors qu’il tentait d’expliquer leurs économies en difficulté, en opposant les quatre à la force des États-Unis en tant que nation d’immigrants.

Le Japon est un allié clé des États-Unis. Le Japon et l’Inde font partie du dialogue quadrilatéral pour la sécurité (Quad), un partenariat informel dirigé par les États-Unis qui inclut également l’Australie pour contrer une Chine de plus en plus affirmée dans la région indopacifique.

Il y a quelques semaines à peine, M. Biden a accueilli le premier ministre japonais Fumio Kishida en visite officielle, alors que les deux dirigeants ont réaffirmé leur « alliance incassable » et convenu de renforcer leurs liens de sécurité face à la menace chinoise dans l’Indo-Pacifique.

Le premier ministre indien Narenda Modi a également effectué une visite d’État à Washington l’année dernière, où il a été accueilli par des dirigeants économiques et politiques.

La Maison-Blanche a déclaré que M. Biden ne voulait pas offenser et soulignait simplement que les États-Unis étaient une nation d’immigrants, affirmant qu’il n’avait pas l’intention de saper les relations avec le Japon.

Le Japon est au courant de la remarque de M. Biden ainsi que des éclaircissements qui en ont résulté, a déclaré samedi un responsable du gouvernement japonais, refusant d’être nommé en raison de la sensibilité de la question.

Le responsable a dit qu’il était regrettable qu’une partie du discours de M. Biden ne soit pas fondée sur une compréhension précise de la politique japonaise, et que le Japon comprend que le président Biden ait fait cette remarque pour souligner la présence d’immigrants comme la force des États-Unis.

Les relations entre le Japon et les États-Unis sont « plus fortes que jamais », comme l’a montré le premier ministre Kishida lors de sa visite aux États-Unis en avril, a soutenu le responsable.

À New Delhi, le ministre indien des Affaires étrangères, Subrahmanyam Jaishankar, a également réfuté samedi le commentaire de M. Biden, affirmant que l’Inde était la société la plus ouverte au monde.

« Je n’ai jamais vu une société aussi ouverte, pluraliste et diversifiée nulle part dans le monde. Non seulement nous ne sommes pas xénophobes, mais nous sommes la société la plus ouverte, la plus pluraliste et, à bien des égards, la plus compréhensive au monde », a déclaré M. Jaishankar lors d’une table ronde organisée par le journal Economic Times.

M. Jaishankar a également noté que la croissance annuelle du PIB de l’Inde est de 7 % et a déclaré : « Vérifiez le taux de croissance de certains autres pays, vous trouverez une réponse ». L’économie américaine a connu une croissance de 2,5 % en 2023, selon les chiffres du gouvernement.

Lors d’une collecte de fonds dans un hôtel mercredi, où le public des donateurs était en grande partie composé d’Américains d’origine asiatique, M. Biden a déclaré que les prochaines élections américaines concernaient « la liberté, l’Amérique et la démocratie » et que l’économie du pays prospérait « grâce à vous et à bien d’autres ».

« Pourquoi ? Parce que nous accueillons les immigrants, a affirmé M. Biden. Écoutez, réfléchissez-y. Pourquoi la Chine connaît-elle une telle stagnation économique ? Pourquoi le Japon a-t-il des difficultés ? Pourquoi la Russie ? Pourquoi l’Inde ? Parce qu’ils sont xénophobes. Ils ne veulent pas d’immigrants. »

Le Japon est connu pour sa position stricte en matière d’immigration. Mais ces dernières années, le pays a assoupli ses politiques pour faciliter l’entrée et le séjour des travailleurs étrangers au Japon, afin d’atténuer la baisse des naissances et la diminution rapide de la population. Le nombre de bébés nés au Japon l’année dernière est tombé à un niveau record depuis que le Japon a commencé à compiler des statistiques en 1899.

L’Inde, qui compte la plus grande population du monde, a promulgué une nouvelle loi sur la citoyenneté plus tôt cette année en fixant des critères religieux qui permettent une naturalisation accélérée des hindous, des parsis, des sikhs, des bouddhistes, des jaïns et des chrétiens qui ont fui vers l’Inde depuis l’Afghanistan, le Bangladesh et le Pakistan, tout en excluant les musulmans.