Le Costa Rica a annoncé, il y a une douzaine de jours, qu’il fermerait ses deux derniers zoos d’État, plus de 10 ans après avoir adopté une loi interdisant la détention d’animaux sauvages en captivité sous l’égide du gouvernement.

Le ministère de l’Environnement et de l’Énergie du Costa Rica a déclaré dans un communiqué, le 11 mai dernier, qu’il ne renouvellerait pas son contrat avec Fundazoo, une fondation qui gérait les zoos. Cette décision entraînera la fermeture des deux derniers zoos publics du pays : le zoo Simón Bolívar et le centre de conservation Santa Ana.

La semaine dernière, les autorités de l’État ont commencé à transférer 287 animaux des deux établissements vers un centre vétérinaire, où l’état de santé des animaux sera évalué afin de déterminer l’environnement qui leur conviendra le mieux. Certains de ces animaux sont en captivité depuis plus de 30 ans, selon le Ministère.

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Un policier monte la garde près de l’entrée du zoo Simón Bolívar..

Franz Tattenbach, ministre de l’Environnement et de l’Énergie, a déclaré que le Costa Rica s’apprêtait à gérer des sanctuaires pour les animaux qui ne peuvent pas retourner à l’état sauvage.

« La captivité n’est justifiée que lorsque les animaux ne peuvent pas retourner dans la forêt en raison de problèmes physiques ou comportementaux qui les empêchent de vivre en liberté », a déclaré M. Tattenbach en espagnol dans une vidéo publiée sur Facebook. « Cette fermeture consolide la vision du Costa Rica en matière de protection de la faune et de la flore. »

La décision de ne pas renouveler le contrat du Costa Rica avec Fundazoo et de ferner les zoos publics du pays est intervenue plus de 10 ans après l’adoption par le Costa Rica, en 2013, d’une loi sur la protection de la faune et de la flore sauvages qui interdisait la détention d’animaux en captivité.

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Des employés du ministère de l’Environnement du Costa Rica utilisent un filet pour sortir les animaux de l’eau.

Les zoos publics du Costa Rica étaient censés fermer en 2014, mais la loi a fait l’objet de recours juridiques de la part de Fundazoo, ce qui a retardé leur fermeture, selon la Fondation FAADA, une organisation à but non lucratif de défense des animaux.

« La fermeture des zoos d’État est un pas en avant très important », a déclaré la FAADA dans un communiqué. « Nous nous joignons à la célébration de cette réalisation historique. »

La loi ne s’applique pas aux 18 zoos privés du Costa Rica, selon la FAADA.

Fundazoo n’a pas répondu aux demandes de commentaires.

Un travail de fourmi

José Pablo Vásquez Badilla, biologiste au sein d’un groupe gouvernemental qui supervise les efforts de conservation, a déclaré dans un communiqué samedi qu’un inventaire des animaux retirés des deux zoos avait été dressé et qu’ils étaient évalués par des équipes de biologistes et de vétérinaires.

M. Tattenbach a précisé que les animaux seraient placés en quarantaine avant que les équipes ne déterminent s’ils peuvent être réintroduits dans la nature ou s’ils seront mieux pris en charge dans un sanctuaire. Certains animaux n’avaient pas encore été transférés hors des zoos mardi dernier, notamment un alligator et des tortues, a indiqué le Ministère.

Le DDarryl Heard, professeur agrégé de médecine zoologique à l’Université de Floride, a déclaré que dans certains cas, il faudrait des années avant que les animaux ne soient prêts à retourner dans la nature et que certains d’entre eux pourraient ne pas être en mesure de le faire.

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Un jaguar au parc zoologique et jardin botanique national Simón Bolívar.

« S’ils ont été éloignés de la nature ou s’ils sont nés en captivité, ils n’ont pas pu développer les compétences nécessaires pour se nourrir, se protéger des prédateurs et ainsi de suite », a déclaré M. Heard.

Le Dr Alonso Aguirre, doyen du Warner College of Natural Resources de l’Université d’État du Colorado, a déclaré que certains animaux peuvent avoir du mal à retourner à l’état sauvage, en rappelant que Keiko, l’orque présentée dans le film Free Willy, était morte après avoir été relâchée.

« Pour beaucoup de ces animaux, la seule chose qu’ils connaissent, c’est la captivité », a déclaré M. Aguirre.

Le Costa Rica pourrait donner l’exemple à d’autres pays en renonçant aux zoos, tout en préservant certaines espèces.

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Un singe araignée mange au parc zoologique.

« Nous devons renoncer à l’idée de captivité », a déclaré M. Aguirre. « Je pense que c’est une grande leçon pour le monde. Si le Costa Rica peut le faire, tout le monde peut le faire. »

Alors que certains défenseurs des espèces sauvages en Amérique du Nord ont appelé à la fermeture des zoos, M. Heard estime qu’il s’agit d’une « question très complexe » qui devrait se concentrer sur la conservation des animaux.

« Je sais qu’il y a encore des choses à améliorer », a déclaré M. Heard à propos des zoos. « Mais il y a généralement une tendance positive à remédier à ces problèmes. »

Cet article a été publié dans le New York Times.

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