La course à la Maison-Blanche accaparera une bonne partie de l'attention médiatique au cours de la prochaine année, mais les Américains seront loin d'être les seuls à voter en 2016. Les électeurs d'une quarantaine de pays seront aussi appelés aux urnes. Voici cinq autres scrutins cruciaux à suivre.

RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE : Présidentielle et législatives - 31 janvier 2016

Maintes fois reportées, les élections centrafricaines ont débuté le 30 décembre avec le premier tour de la présidentielle et devraient culminer le 31 janvier avec le second tour ainsi que les législatives. Ces «élections de la dernière chance» devraient permettre au pays de se doter d'un «leadership» qui lui a fait défaut depuis 20 ans et dont l'actuel gouvernement de transition n'a jamais su faire preuve, estime Thierry Vircoulon, de l'International Crisis Group. Le nouveau président aura la «tâche titanesque» de reconstruire l'État et surtout de s'entendre avec les bailleurs de fonds pour y parvenir. Il aura aussi à surmonter les tensions religieuses entre chrétiens et musulmans de même qu'ethniques, note le professeur Émile Ouedraogo, de l'Université du Québec à Montréal (UQAM), qui dit par ailleurs craindre que certains candidats n'acceptent pas «le verdict des urnes».

IRAN : Législatives - 26 février 2016

L'impact de ces élections pourrait se faire sentir à moyen ou à long terme. Les Iraniens éliront non seulement les 290 députés de la chambre législative du Parlement, mais aussi les 86 mollahs de l'assemblée des experts, qui a notamment pour mandat de choisir un nouveau Guide suprême, lorsque le titulaire du poste meurt. Or, le Guide Ali Khamenei, dont l'âge est estimé à 75 ans, serait malade, selon de persistantes rumeurs, ce qui signifie que la nouvelle assemblée pourrait devoir lui désigner un successeur. Beaucoup de pays espèrent que l'entente sur le nucléaire iranien conclue l'été dernier créera un élan favorable «aux factions réformistes et modérées pour qu'elles poursuivent d'autres réformes» et choisissent éventuellement un guide à leur image, affirme le professeur Thomas Juneau, de l'Université d'Ottawa, qui ajoute cependant que les «purs et durs sont en train de reprendre le contrôle».

RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO : Présidentielle et législatives - 27 novembre 2016

Les prochaines élections devraient théoriquement marquer «la fin du règne de la famille Kabila», qui aura duré près de 20 ans, note Thierry Vircoulon, de l'International Crisis Group. L'actuel président Joseph Kabila a accédé au pouvoir en 2001 à la mort de son père, qui était président depuis 1997. Or, ces élections «risquent de ne pas avoir lieu», car les autorités font tout pour les retarder, affirme M. Vircoulon. L'opposition, qui «s'est structurée», semble déterminée à chasser le président Kabila, dont le bilan est «très mitigé», estime le professeur Émile Ouedraogo, de l'UQAM, qui évoque des violations massives des droits de la personne, l'instabilité chronique et le marasme économique. Si Joseph Kabila devait s'accrocher au pouvoir, le Congo pourrait plonger dans une crise pire que celle que connaît actuellement le Burundi, prévient Thierry Vircoulon.

NICARAGUA : Présidentielle et législatives - novembre 2016

Le populaire président nicaraguayen Daniel Ortega pourrait être réélu pour un troisième mandat d'affilée - un quatrième au total, lui qui a déjà dirigé le pays une première fois à la fin des années 80 -, car il a «devant lui une opposition très fragmentée», affirme le professeur Hugo Loiseau, de l'Université de Sherbrooke, qui précise toutefois que bien des choses peuvent changer d'ici au scrutin. Dans ce pays où transite la drogue sud-américaine destinée au Mexique et aux États-Unis, l'insécurité sera un enjeu important de ces élections, prévoit  M. Loiseau. Le développement économique risque aussi de retenir l'attention des électeurs, dont «42% vivent avec moins de 2$ par jour», alors que le pharaonique projet de construction d'un canal interocéanique pour concurrencer le canal de Panama bat de l'aile.

AFGHANISTAN : Législatives - à déterminer

Les Afghans seront appelés à renouveler leur assemblée nationale au cours de l'année qui vient, un scrutin qui suscite beaucoup d'intérêt dans certaines capitales. «Tout le monde va essayer de créer des alliés là-bas», estime le professeur Noomane Raboudi, de l'Université d'Ottawa, selon qui «les Pakistanais, les Chinois, les Indiens, les Américains et les Russes» ont des intérêts sécuritaires et, éventuellement, économiques en Afghanistan. D'un point de vue interne, ces élections seront mises à l'épreuve par «l'insécurité grandissante et la corruption qui ronge le pseudo-système étatique construit par les États-Unis», s'inquiète le professeur Raboudi. Il s'interroge d'ailleurs sur la possibilité de tenir le vote dans les régions contrôlées par les talibans, qui «ne veulent pas de ce gouvernement, [qui] veulent revenir au califat».