Vingt-quatre heures après la collision de deux navires au large du Cap Corse, qui a entraîné le rejet de plusieurs dizaines de mètres cubes de mazout dans la Méditerranée, les opérations de dépollution ont débuté lundi matin et devraient durer plusieurs jours

Le mazout s'étendait lundi matin sur une vingtaine de kilomètres, en taches disloquées par le vent. La quantité de mazout qui s'est déversée à proximité du périmètre du Parc naturel marin du Cap Corse et de l'Agriate en Méditerranée est évaluée par la préfecture maritime de Toulon entre 40 et 200 m3.

Le ministre de la Transition écologique François de Rugy doit se rendre sur place lundi après-midi « pour constater les dégâts et faire un point avec les services de l'État sur les moyens mis en oeuvre pour contenir les pollutions qui pourraient en découler », a-t-on appris dans son entourage.

« Face à cette incroyable collision à 15 miles au nord du Cap Corse les services de l'État sont mobilisés sous l'autorité du préfet maritime pour pomper la fuite d'hydrocarbures et désincarcérer les navires avec une coopération France Italie », avait réagi dimanche après-midi sur son compte Twitter le ministre.

Le président nationaliste du conseil exécutif de Corse Gilles Simeoni s'est dit, toujours sur Twitter, déterminé à « comprendre les raisons de l'accident et établir les responsabilités », et a appelé à la « vigilance absolue en termes d'éventuelle pollution » - évoquant le fait que la collision avait eu lieu dans le Parc naturel marin du Cap Corse et de l'Agriate -, ce qui n'est pas le cas.

La collision en elle-même a eu lieu à proximité des limites de ce huitième parc naturel marin français, inauguré en 2016 par Ségolène Royal, alors ministre de l'Environnement, et vaste de 6830 km², ce qui en fait le plus grand parc naturel marin de métropole. La nappe de mazout qui dérive pourrait franchir ses limites, en fonction de l'évolution du vent, mais « en l'occurrence, cela ne change rien en termes de lutte contre la pollution », a précisé la préfecture maritime.

Barrage flottant

Une enquête a été ouverte pour « pollution consécutive à un accident maritime » et confiée à la gendarmerie maritime, a de son côté précisé à l'AFP le procureur de la République à Marseille Xavier Tarabeux, compétent au titre du pôle maritime du tribunal de grande instance de Marseille.

Dimanche matin vers 7 h 30, un navire roulier tunisien, l'Ulysse, parti de Gênes (Italie) vers Tunis, est entré en collision avec le porte-conteneurs chypriote, CLS Virginia, alors au mouillage à environ 28 km au nord-ouest du cap Corse. Le choc a provoqué une brèche dans la coque du porte-conteneurs laissant échapper du mazout de propulsion.

Sur place, deux navires français et deux italiens étaient déjà présents lundi matin, et un autre de chaque pays doit encore arriver. L'objectif est d'empêcher au maximum tout nouveau dégagement de carburant de la soute du porte-conteneurs qui a été endommagée, et de récupérer le mazout qui s'en est déjà échappé.

« Avec le vent, le ruban de mazout (qui faisait environ 4 km de long sur 100 m de large dimanche soir, NDLR) s'est étendu et disloqué », a expliqué à l'AFP un porte-parole de la préfecture maritime. Le carburant est toujours poussé par le vent vers le nord-ouest, s'éloignant des côtes corses.

Les opérations de dépollution consistent à déployer un barrage flottant pour limiter l'extension de la traînée et concentrer la pollution. Le barrage se fait grâce à un système de bras articulé qui concentre le mazout puis avec un écrémeur qui le récupère ensuite.

Parallèlement, « des discussions sont en cours pour établir dans quelles conditions on peut désincarcérer les deux navires », a encore précisé la préfecture maritime. Les deux navires devraient ensuite rejoindre un port, en étant soit remorqués, soit escortés.  

L'accident s'est produit alors que la météo et les conditions de navigation étaient bonnes, avec peu de vagues et un vent léger de 7 noeuds (13 km/h).