Des pesticides dangereux se retrouvent sur les tablettes au pays des années après que le fédéral ait jugé leurs risques inacceptables, déplore la commissaire à l'environnement et au développement durable.

Dans un rapport déposé mardi aux Communes, Julie Gelfand tire la sonnette d'alarme sur la sécurité des pesticides au Canada.

Elle critique notamment la lenteur de l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire. Ainsi, après qu'on ait déterminé que des pesticides présentent des risques inacceptables, cela prend en moyenne cinq ans avant qu'ils soient retirés du marché. Dans un cas précis, 11 ans se sont écoulés avant qu'un pesticide jugé dangereux disparaisse finalement des tablettes.

Ces longs délais la préoccupent parce qu'ils prolongent «la période d'exposition des travailleurs, de la population et de l'environnement à ces risques.»

La commissaire s'inquiète par ailleurs de l'approbation conditionnelle apposée à certains pesticides, souvent pour de longues années. Huit produits appartenant à la classe des néonicotinoïdes - soupçonnés d'être responsables de l'hécatombe chez les populations d'abeilles - sont demeurés homologués sous condition pendant plus de 10 ans. L'Agence a annoncé la semaine dernière qu'elle cesserait prochainement d'approuver des produits sous conditions.

Autre point majeur: même si l'Agence évalue les risques associés aux pesticides, elle n'a pas évalué les risques cumulatifs sur la santé humaine.

Enfin, Mme Gelfand note qu'il faut absolument accélérer les réévaluations des principes actifs des anciens pesticides qui ont été homologués avant 1995.

À la lumière des connaissances scientifiques actuelles, de nouvelles précautions sont imposées sur ces produits dans 95 % des cas pour protéger l'environnement ou la santé humaine. Cet examen devait d'abord se terminer en 2006. Or, à ce jour, il reste toujours 46 réévaluations à effectuer.