Les émissions de méthane, puissant gaz à effet de serre, «ne sont pas une fatalité», mais sont au contraire «en très grande partie évitables» grâce à des mesures économiquement viables, estiment des experts dans un rapport publié jeudi en France.

«Beaucoup» de ces mesures «demandent moins de changements dans nos modes de vie que les réductions de dioxyde de carbone, tout en présentant des effets secondaires largement bénéfiques», affirme l'Académie des technologies, établissement public placé sous la tutelle du ministre français de la Recherche.

Les émissions de méthane, un polluant à courte durée de vie (une dizaine d'années), proviennent surtout d'une variété d'activités humaines dont le forage pétrolier et le raffinage du pétrole, la production de charbon, les décharges d'ordures ménagères et l'agriculture, notamment l'élevage de ruminants et la culture du riz.

«Le rôle du méthane comme gaz à effet de serre est très important et doit être davantage pris en compte», souligne le rapport. «Malgré sa faible durée de vie dans l'atmosphère, il a une influence forte sur le climat et son évolution», ajoutent les auteurs qui souhaitent, dans cette synthèse des connaissances sur ce gaz, apporter «information» et «clarté» dans la perspective de la grande conférence sur le climat à Paris fin 2015.

Le rapport recommande une série d'actions à court terme pour réduire les émissions.

Il propose de «soutenir les actions de drainage» dans les zones humides utilisées en terres agricoles, ce qui permet «simultanément d'améliorer la production agricole, de diminuer la consommation d'eau et de diminuer les émissions de méthane».

Dans les mines et les centrales à charbon, il faut «améliorer le cadre réglementaire international, d'autant que le drainage et la collecte du méthane diminuent considérablement les risques d'explosion dans les mines».

Pour l'exploitation du gaz, il faudrait «donner de la valeur au gaz «lâché» dans l'atmosphère, afin d'inciter les pollueurs à réduire leurs émissions», ajoutent les experts.

Enfin, il faut «poursuivre le développement des technologies de récupération du méthane» provenant des fumiers et des lisiers, et prendre «la mesure réelle du rendement de la captation du méthane» émis par les décharges.

Selon les experts, une inconnue importante est le volume des émissions résultant du dégel du pergélisol des zones humides arctiques qui «pourraient intervenir sur l'échelle du siècle». «Si la fonte du pergélisol est relativement certaine au-dessus d'un seuil de réchauffement climatique dont tout laisse à penser qu'il risque d'être atteint, sa vitesse et la quantité de carbone qui sera émise, en particulier sous forme de méthane, restent très difficiles à évaluer», soulignent-ils.