La rivière des Mille Îles, source d'eau potable pour près de 400 000 personnes, continue de subir de nombreux déversements d'eaux usées non traitées, en dépit d'importants investissements récents.

C'est ce qui ressort d'une compilation des données officielles réalisée par la Fondation Rivières pour les quatre dernières années.

Dans la région, l'agrandissement de la station d'épuration de Boisbriand a été marqué par la controverse et a débouché sur des accusations liées à un système de collusion en vue de partager des contrats municipaux.

Mais l'usine de 28 millions fait son travail: elle respecte maintenant les exigences et pollue beaucoup moins.

Cependant, constate la Fondation Rivières, des problèmes subsistent dans plusieurs autres réseaux.

À Deux-Montagnes, une station de pompage où transitent 69% des eaux usées de la municipalité ne répondait pas aux exigences du ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs (MDDEP) depuis les quatre dernières années. Les eaux sales se déversaient régulièrement dans le lac des Deux Montagnes. «Des travaux en cours devraient permettre d'améliorer la situation», affirme la Fondation.

«Saint-Eustache déverse [des eaux] entre 315 et 363 fois par année et ne respecte pas les exigences du MDDEP depuis quatre ans au poste Labrie, qui véhicule 10% des eaux de la ville.»

Postes de pompage

À Blainville, le poste de pompage principal a débordé 90 fois en 2011. «Dans ce cas, des travaux viennent d'être réalisés afin de corriger la situation», note la Fondation.

Des dizaines des débordements sont observés au poste de pompage de Laval-Ouest, qui véhicule 24% du débit lavallois, et au poste de pompage principal de Sainte-Anne-des-Plaines. «Ces postes respectent des exigences qui pourraient assurément être plus sévères», note la Fondation.

La Fondation observe aussi des débordements en nombre croissant au poste principal de Terrebonne qui sont passés de moins de 20 en 2008 à 186 en 2011.

«On voit qu'il y a quand même de l'amélioration à certains endroits, mais à d'autres non, dit Martin Drapeau, président d'Enviro Mille-Îles. La réduction des débordements doit être une priorité aux endroits qui reçoivent le plus grand débit et qui déversent plus de 20 fois par année des eaux usées directement dans l'environnement.»

«L'analyse de la Fondation Rivières me semble juste, dit Elsa Dufresne, directrice générale du Conseil des bassins versants des Mille-Îles (COBAMIL). Il y a effectivement de nombreux débordements et ouvrages de surverses problématiques sur le territoire, ce qui affecte non seulement l'équilibre des écosystèmes, mais en plus restreint l'usage récréotouristique de la rivière des Mille Îles et rend le traitement de l'eau potable plus compliqué.»