L'humanité ne pourra consommer qu'un quart à peine des réserves d'énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) connues d'ici 2050 si elle veut limiter le réchauffement climatique à 2°C maximum, selon une étude publiée mercredi.

Une équipe de recherche internationale - Royaume-Uni, Suisse et Allemagne - dont les travaux sont publiés dans la revue scientifique britannique Nature, a tenté d'estimer pour la première fois quel volume d'émissions de gaz à effet de serre peut être injecté dans l'atmosphère d'ici la moitié du siècle pour garder un climat gérable.

La communauté internationale s'est accordée sur un maximum de 2°C supplémentaires par rapport aux niveaux pré-industriels, mais pour les petits états insulaires, menacés par la montée du niveau des océans, il faudrait limiter la hausse à +1,5°C.

«Si vous voulez réellement limiter le risque d'excéder les 2°C de réchauffement mondial, le volume total de CO2 pouvant être relâché dans l'atmosphère au cours de la première moitié du siècle doit rester sous les 1.000 milliards de tonnes», a expliqué le Dr Malter Meinshausen, du Postdam Institute for Climate Impact Reasearch lors d'un point presse sur l'étude.

Pour l'ensemble des gaz à effet de serre couverts par le Protocole de Kyoto, ceci représente environ 1.500 milliards de t équivalent CO2, précise-t-il.

«Cela peut sembler beaucoup, mais nous avons déjà émis un tiers de ce volume en neuf ans, entre 2000 et 2009», rappelle-t-il.

Sans accord climatique fort, les 2°C supplémentaires auront été atteints dès le milieu du siècle, selon les auteurs.

Si les émissions dépassent ces 1.500 milliards de t de CO2eq d'ici 2050, la probabilité de limiter le réchauffement à +2°C sera d'une sur quatre, «quoi que vous fassiez ensuite» pour limiter les émissions, insiste le Dr Meinshausen.

La conclusion de cette étude s'adresse en priorité aux négociateurs de l'accord de Copenhague, qui doit être conclu en décembre afin de garantir une suite au Protocole de Kyoto dont les premiers engagements expirent en 2012.

Les émissions mondiales doivent absolument commencer à décroître dès 2020 et être réduites de 70% d'ici 2050, selon l'étude, alors que l'objectif du G8 vise une réduction de moitié des émissions mondiales à cette date.

«L'un des principaux points à retenir est que les réserves connues de pétrole, gaz et charbon sont quatre fois supérieures au budget des émissions d'ici 2050. Et qu'au-delà, on ne pourra en consommer qu'une petite fraction», prévient Bill Hare du Postdam Institute.

«Le message est très clair: votre budget est limité, l'heure n'est plus aux manoeuvres», ajoute-t-il à l'intention des négociateurs.