Montréal n'est pas sur la bonne voie pour atteindre ses objectifs de réduction des gaz à effet de serre (GES), selon un bilan de la métropole sur ses émissions. Montrant du doigt l'augmentation rapide du nombre de véhicules sur ses routes - particulièrement les modèles plus polluants -, la Ville prévient que des mesures plus fortes devront être prises pour encourager le transport collectif.

La métropole s'est fixé comme objectif de réduire d'ici à 2020 de 30% ses émissions de GES par rapport au niveau de 1990. Or, à deux ans de l'échéance, le plus récent relevé indique que celles-ci sont inférieures de 23% et que peu de gains sont attendus au cours des prochaines années.

«Les indicateurs colligés semblent indiquer que l'agglomération de Montréal n'est pas en voie d'atteindre sa cible», peut-on lire dans un bilan que la Ville s'apprête à rendre public.

«C'est un peu décourageant, même si on n'est pas surpris», a réagi Marianne Giguère, conseillère associée au développement durable au sein de l'administration Plante.

Principale source d'émissions de GES, les transports sont les grands responsables de cette difficulté à atteindre l'objectif de réduction. «On sait à quel point le parc automobile n'a pas cessé d'augmenter et le type de voiture consomme de plus en plus d'essence. Il y a un engouement pour les VUS», se désole Marianne Giguère.

Ainsi, alors que l'un des objectifs était de limiter la possession à 0,79 véhicule par ménage, elle a plutôt grimpé pour frôler la barre du 0,9 en 2016.

D'un côté, le nombre de voitures individuelles a diminué de 8%, mais le nombre de camions légers - ce qui inclut VUS, camionnettes et fourgonnettes - a pratiquement triplé (+ 179%). Ces modèles plus gourmands en carburant ont ainsi contribué à augmenter de 16% les émissions de GES sur les routes depuis 1990. Elles sont en effet passées de 3073 à 3567 kilotonnes en équivalent CO2.

Cette hausse dans les émissions pour les transports a contribué à effacer d'importants gains réalisés dans les secteurs résidentiel, commercial et industriel. Ceux-ci ont en effet vu leur bilan s'améliorer de 36% en raison principalement de la baisse de popularité du mazout.

Stagnation du transport collectif

Pendant que le nombre de véhicules augmente, Montréal note que la fréquentation des transports en commun stagne, «malgré les investissements importants consentis pour maintenir et augmenter l'offre des modes de transport collectif». Même avec le Réseau express métropolitain, le prolongement de la ligne bleue du métro et le service rapide par bus sur Pie-IX, la Ville ne s'attend pas à une amélioration significative.

Devant ce constat, l'administration Plante dit vouloir redoubler d'efforts pour favoriser le transport collectif, en misant notamment sur la ligne rose. 

«On a besoin de développer de façon massive l'offre. On ne peut pas demander aux gens de laisser leur voiture s'ils n'ont pas d'alternative», affirme la conseillère Marianne Giguère.

L'élue estime que pour y arriver, Montréal devra collaborer étroitement avec Québec et Ottawa. «Il va y avoir des choix politiques à faire, des choix de société», dit-elle.

Mesures plus musclées à prendre

À noter, cet objectif de 30% sous le seuil de 1990 que Montréal ne prévoit pas atteindre ne représente qu'une étape en vue d'un objectif plus ambitieux encore. En effet, Montréal s'est engagé en 2015 dans les accords de la COP21, signés à Paris, à les réduire de 80% d'ici à 2050.

Devant ce constat d'échec annoncé brossé par son récent bilan, Montréal prévoit qu'il devra réviser son Plan de réduction des émissions. Le rapport cible déjà une dizaine de pistes de solutions. Parmi elles, on souhaite notamment fixer des objectifs pour réduire le nombre d'automobilistes qui se déplacent seuls au travail.

Montréal veut aussi «instaurer des mesures dissuasives significatives aux véhicules de forte cylindrée». La métropole souligne que les 50 véhicules les plus vendus actuellement au Québec consomment en moyenne 9,6 L/100 km. On estime qu'il faudrait réduire la moyenne à 6 L/100 km.

La métropole propose aussi de mettre en place des mesures pour décourager le stationnement gratuit dans les secteurs desservis par le transport collectif. Leur trop grande présence favoriserait l'utilisation de l'automobile au détriment des autobus ou du métro.