La direction montréalaise de la papetière AbitibiBowater considère que les trois militants de Greenpeace qui occupent ses bureaux depuis mercredi matin cherchent essentiellement de la visibilité plutôt qu'une franche discussion sur la protection de la forêt boréale.

L'organisation écologiste soutient pour sa part que l'occupation vise à attirer l'attention sur le fait qu'AbitibiBowater poursuit ses activités forestières dans les derniers massifs encore intacts, en Ontario et au Québec, au détriment de la biodiversité, de l'équilibre du climat mondial et de la protection d'espèces menacées.Selon la responsable de la campagne «Forêt boréale» pour Greenpeace, Mélissa Filion, les coupes effectuées dans des forêts perturbées pour la première fois par l'activité humaine forcent des espèces menacées, comme le caribou forestier, à se déplacer pour trouver un nouvel habitat.

Greenpeace estime qu'AbitibiBowater, active sur un total de 24 millions d'hectares de forêts publiques au Québec et en Ontario, fait très peu de place à la conservation.

Chez AbitibiBowater, on explique le coup d'éclat de Greenpeace par le désir de ce groupe d'attirer l'attention des médias et de relancer la campagne de dénigrement envers l'entreprise auprès des clients et de la population en général.

Selon le vice-président au développement durable chez AbitibiBowater, Denis Leclerc, un dialogue était en cours avec Greenpeace depuis le début de l'année. Trois rencontres avaient eu lieu et une quatrième s'est même tenue entre le président de Greenpeace et celui d'AbitibiBowater, au début du mois.

AbitibiBowater estime avoir pris des mesures de conservation en réservant des blocs de forêt au profit des autochtones, de la protection des cours d'eau et des orignaux. «On n'intervient pas sur des millions d'hectares de forêt, en Ontario et au Québec», a fait valoir M. Leclerc.

Toujours selon le porte-parole de l'entreprise, Greenpeace a demandé qu'AbitibiBowater en fasse davantage en cessant ses activités dans des zones additionnelles. «On leur a demandé d'identifier les zones qui leur tiennent vraiment à coeur afin de nous permettre d'évaluer les impacts de leur demande. Ils ne l'ont pas fait», a dit M. Leclerc.

AbitibiBowater a jugé, à un certain moment, qu'il serait approprié d'impliquer les gouvernements du Québec et de l'Ontario, propriétaires des forêts en cause, devant la probabilité que l'arrêt des activités dans des zones additionnelles occasionne des fermetures d'usine et des pertes d'emplois.

«Si vous voulez qu'on arrête de récolter à des endroits, il va falloir fermer des usines, mettre des gens à pied. Allons voir le gouvernement pour trouver une alternative. Greenpeace a refusé et a annoncé, le 4 septembre, son intention de recommencer sa campagne», a rapporté M. Leclerc.

L'occupation des bureaux d'AbitibiBowater se poursuivait mercredi en fin d'après-midi et selon M. Leclerc, il n'est pas question, pour l'instant, que l'entreprise fasse appel aux policiers.