Le nouveau processus d'évaluation environnementale auquel sera soumis le projet d'oléoduc Énergie Est suscite une forte méfiance du côté des opposants.

Une cinquantaine d'organisations d'horizons divers se sont rangées derrière l'économiste Éric Pineault, dont le livre intitulé Le piège Énergie Est, lancé mercredi à Montréal, livre un argumentaire étoffé contre le projet d'oléoduc.

Les porte-parole d'organismes réunis pour l'occasion reconnaissent que la nouvelle démarche du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) correspond à leur revendication initiale, puisqu'elle impose la réalisation d'une étude d'impact environnemental au promoteur TransCanada.

Cependant, ils s'inquiètent du court délai dont ils disposeront pour préparer de nouveaux mémoires à la suite de l'étude d'impact, une situation que certains qualifient de «guerre d'usure».

Ils réclament par ailleurs unanimement que soient rendus publics les quelque 300 mémoires qui ont déjà été soumis dans la première mouture du BAPE, dont les travaux déjà amorcés ont été interrompus par l'entente entre TransCanada et Québec pour la tenue d'un processus plus élaboré.

Éric Pineault, pour sa part, demande que soit intégrée aux audiences du BAPE l'évaluation des retombées économiques du projet que doit réaliser le ministère des Finances en parallèle.

Le lancement de son livre a permis aux organisations de réitérer haut et fort leur opposition au projet d'oléoduc Énergie Est, qui doit acheminer quotidiennement 1,1 million de barils de pétrole des sables bitumineux de l'Alberta jusqu'à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick.

Les porte-parole ont qualifié d'«imposture intellectuelle» le discours de réduction des gaz à effet de serre qui a mobilisé la classe politique canadienne à Paris l'automne dernier et le fait de vouloir quand même continuer à exploiter le pétrole des sables bitumineux. Ils ont réclamé des pouvoirs décisionnels qu'ils fassent preuve de cohérence.

Le nouveau processus a été lancé à la suite d'une entente à l'amiable entre TransCanada et Québec, qui tentait de forcer la pétrolière à se soumettre à la Loi sur la qualité de l'environnement (LQE) du Québec par voie d'injonction dans le but d'obliger celle-ci à déposer un avis de projet, qui déclenche automatiquement le processus d'évaluation environnementale plus contraignant que celui qui était en cours.

La Presse souligne toutefois, mercredi, que dans son avis de projet, TransCanada maintient sa position voulant que son projet relève uniquement du gouvernement fédéral et ne soit légalement soumis qu'à l'évaluation de l'Office national de l'énergie et que son avis de projet au BAPE «est déposé de manière volontaire».

La réponse du gouvernement illustre que le désaccord persiste, puisque sa correspondance indique clairement que «le gouvernement du Québec est d'avis que ce dépôt est requis par la loi».

Énergie Est, dont la mise en service a été repoussée en 2020, comprend un tronçon de près de 650 kilomètres au Québec qui traversera 65 municipalités et 860 cours d'eau, dont le fleuve Saint-Laurent.

Dans son avis de projet québécois, TransCanada confirme entre autres que l'oléoduc traversera des zones dans lesquelles se trouvent quelque 20 «espèces fauniques d'intérêt pour la conservation».

Quelque 2000 propriétaires fonciers sont potentiellement concernés par le tracé québécois de l'oléoduc.