Le gouvernement albertain a proposé de protéger des sites de la région où les sables bitumineux sont exploités, un territoire dont la superficie est trois fois supérieure à celle du Parc national de Banff.

En vertu de ce plan, certains producteurs de sables bitumineux pourraient être contraints de céder leur droit d'exploitation.

Cependant, les producteurs de pétrole et de gaz naturel qui détiennent déjà des intérêts territoriaux pourraient poursuivre l'exploitation des ressources. Et le plan ne prévoit aucunement de protéger toute nouvelle parcelle de terrain dans le secteur où le développement est le plus intense.

Le projet permettrait de protéger un territoire d'une superficie de quelque deux millions d'hectares, où des mesures de conservation seraient possiblement mises en place.

La proportion des terres protégées dans la région où sont exploités les sables bitumineux passerait ainsi à 22%, ce qui correspond au pourcentage minimal qui avait été proposé par un groupe d'experts en 2009.

Mais selon le ministre du Développement durable des ressources, Mel Knight, la question des chiffres est secondaire.

«Je ne pourchasse pas des objectifs chiffrés, a-t-il affirmé. Nous souhaitons protéger les bons endroits pour les bonnes raisons.»

«Nous devons créer un équilibre entre notre développement économique et la conservation - et pas seulement avec la conservation, mais aussi en considérant l'aspect social qui caractérise les gens qui travaillent et qui vivent en Alberta», a ajouté M. Knight.

L'exploitation des sables bitumineux est une activité économique de premier plan en Alberta. Elle est néanmoins très controversée à l'échelle nationale et internationale en raison de ses impacts environnementaux.

Le projet rendu public mardi constitue la première véritable tentative de concilier les enjeux économiques et environnementaux liés à l'exploitation de la deuxième réserve pétrolifère mondiale.

Les cinq nouvelles aires de conservation projetées seraient principalement situées dans le nord-est de la province. Selon les responsables, environ dix producteurs de sables bitumineux et dix producteurs miniers seraient affectés.

Pour l'organisation écologiste Greenpeace, le plan gouvernemental ne va pas assez loin puisqu'il propose essentiellement de protéger des terres moins sensibles sur le plan environnemental, mais surtout car le secteur où le développement est le plus intense échappe aux efforts de conservation.

«Les régions les plus prometteuses ne sont pas vraiment visées, et tout cela était prévu», a affirmé Mike Hudema, qui est responsable du dossier des sables bitumineux chez Greenpeace.

Du côté de l'industrie, on s'interroge au sujet des compensations qui seront versées aux producteurs pénalisés par les mesures.

«On nous a dit qu'il pourrait y avoir des conséquences sur les droits d'exploitation. Nous voulons comprendre de quelle façon (les producteurs) seront compensés», a affirmé le vice-président des opérations de l'Association canadienne des producteurs pétroliers, David Pryce.

Le projet doit être soumis à la population de l'Alberta ce printemps. Au cours des 60 prochains jours, les citoyens pourront participer aux consultations publiques qui seront organisées un peu partout à travers la province.