Le président français François Hollande a averti Donald Trump que «la France ne laissera personne, ni aucun État» remettre en cause l'accord de Paris sur le climat, samedi lors de ses voeux télévisés du Nouvel An.

«Je vous l'affirme, la France ne laissera personne, ni aucun État, fût-il le plus grand, remettre en cause cet acquis majeur de la communauté internationale», a déclaré M. Hollande, dans un message adressé au président élu des États-Unis, qui avait menacé «d'annuler» l'accord adopté fin 2015 par 195 pays à l'issue de la COP21.

«Rappelez-vous, c'est à Paris qu'un accord historique a été conclu», a poursuivi le président, invoquant le «crédit» de «la parole de la France pour porter de grandes causes».

Après avoir notamment qualifié par le passé de «canular» le dérèglement climatique, Donald Trump a plus récemment nuancé son propos, se disant fin novembre «ouvert» au sujet de l'accord de Paris.



Mise en garde contre l'extrême droite 

Pour ses derniers voeux, à quatre mois de la présidentielle, François Hollande a lancé une série de mises en garde aux Français avec, en ligne de mire, les programmes du FN et de François Fillon mais aussi le risque de «dispersion» de la gauche.  

Le chef de l'État, qui ne se représentera pas en 2017, a multiplié les signes de sa volonté d'exister jusqu'au bout de son mandat sur la scène internationale aussi, annonçant qu'il se rendrait lundi en Irak pour y «saluer» les soldats français engagés dans la lutte contre l'organisation État islamique.

Pour ce dernier exercice du genre, empreint selon ses propres termes d'«émotion» et de «gravité», François Hollande n'a pas dérogé à la tradition avec une allocution d'un peu moins de 10 minutes.

Sur le fond, il s'en est tenu à la ligne tracée depuis son renoncement à briguer un second mandat, le 1er décembre: non-ingérence dans les débats de la primaire de la gauche et mises en garde sur les projets de la droite et de l'extrême droite.

À l'adresse de François Fillon, le chef de l'État a lancé cet avertissement : «Le rôle des forces et personnalités politiques est immense, elles doivent être à la hauteur de la situation, faire preuve de lucidité, éviter de brutaliser la société».

Une allusion à la volonté du champion de la droite de supprimer 500 000 emplois publics ou de couper dans les prestations sociales alors que François Hollande s'est érigé au contraire en gardien du «modèle social» auquel les Français sont «attachés car il garantit l'égalité de tous face aux aléas de la vie et notamment la santé».

En Irak lundi

Face à la montée du Front national, il a averti sans nommer sa présidente, Marine Le Pen : «Comment imaginer notre pays recroquevillé derrière des murs, réduit à son seul marché intérieur, revenant à sa monnaie nationale et en plus, en plus, discriminant ses enfants selon leurs origines». «Ce ne serait plus la France», s'est-il exclamé.

Et à son propre camp, très divisé à l'approche de la présidentielle, il a lancé un appel à «écarter la dispersion» qui entraînerait «l'élimination» de la gauche.

«En cette fin d'année, ce que nous croyons acquis, parfois pour toujours, la démocratie, la liberté, les droits sociaux, l'Europe et même la paix, tout cela devient vulnérable, réversible», s'est encore alarmé le chef de l'État. «Il y a dans l'Histoire des périodes où tout peut basculer, nous en vivons une».

François Hollande s'est aussi à nouveau présenté en protecteur des Français face à une «menace terroriste qui ne faiblit». «Nous n'en avons pas terminé avec le fléau du terrorisme (...) il nous faudra continuer à le combattre. À l'extérieur, c'est le sens de nos opérations militaires au Mali, en Syrie, en Irak, Irak où je me rendrai après-demain (lundi) pour saluer nos soldats».

Et il s'est fait l'avocat de son propre mandat: «Les comptes publics ont été rétablis, la Sécurité sociale est à l'équilibre, la compétitivité de nos entreprises a été retrouvée, la construction de logements atteint un niveau record, l'investissement repart».

«Et surtout, le nombre de demandeurs d'emploi baisse enfin depuis un an», a-t-il souligné, même si les «résultats arrivent plus tard» qu'il ne l'avait prévu.

Marine Le Pen a réagi en dénonçant des «propos lénifiants et moralisateurs à l'égard de (sa) candidature». Pour Pierre Laurent (PCF), «Hollande à parlé aux Français» mais «trop tard». «Pendant quatre ans et demi rien n'aura changé ou si peu», a déploré Éric Woerth (LR). Quant à Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, il a eu ce cri du coeur: «Ouf, c'était les derniers voeux de François Hollande».

À l'inverse, Jean-Christophe Cambadélis (PS) a loué une réponse «aux attentes de nouvelles conquêtes progressistes».

L'an dernier, quelque 11 millions de téléspectateurs avaient regardé ces voeux présidentiels. L'audience de cette année aura ainsi valeur de test de sa popularité et de ce qu'il représente encore d'autorité politique et morale après son renoncement.