Si les émissions de gaz à effet de serre continuent de grimper au même rythme, d'ici la fin du siècle, les températures de certaines régions du golfe Persique pourraient devenir intolérables pour le corps humain, selon une nouvelle étude.

L'indice de chaleur pourrait alors atteindre de 74 à 77, en tenant compte de la température et de l'humidité, pendant au moins six heures, selon plusieurs calculs de simulation informatique. C'est une chaleur tellement intense que le corps humain ne pourrait même pas s'en débarrasser.

Les personnes âgées et les malades sont les plus affectés par les vagues de chaleur, mais les températures s'annoncent tellement chaudes à l'avenir que même les gens en santé pourraient être en danger.

Dans les saunas, par exemple, on fixe généralement le thermomètre à 35 degrés Celsius et on ne reste que quelques minutes. Or, dans ce cas-ci, on parle d'une longue exposition, pendant six à huit heures, a souligné le coauteur de l'étude, Elfaith Eltahir, professeur en ingénierie environnementale au Massachusetts Institute of Technology.

Depuis que les humains sont sur la Terre, la planète n'a jamais assisté à une combinaison si aiguë de chaleur et d'humidité. Avec la géographie et le climat uniques du golfe Persique et les hautes températures prévues si les émissions de GES restent stables, ce phénomène pourrait arriver d'ici la fin du siècle, selon l'étude publiée lundi dans la revue Nature Climate Change.

Cette vague de chaleur mortelle ferait paraître celle survenue en Europe, en 2003 - qui avait tué plus de 70 000 personnes - comme «une journée fraîche», a soutenu l'autre auteur de l'étude, Jeremy Pal, de l'université Loyola Marymount, en Californie.

Les îlots de chaleurs seraient rares et les grandes villes comme Abou Dhabi, Dubaï et Doha ne seraient pas pour autant inhabitables - grâce à l'air climatisé. Toutefois, pour les gens qui travaillent à l'extérieur et qui n'ont pas d'air climatisé, ce serait intolérable, selon MM. Eltahir et Pal.

Bien que La Mecque ne soit pas dans les régions où les températures seraient les plus élevées, la chaleur pourrait faire plus de victimes que maintenant.

«Certaines des prévisions les plus inquiétantes des changements climatiques impliquent des conditions qui dépassent l'expérience humaine. Si nous ne limitons pas les changements climatiques pour nous soustraire aux chaleurs extrêmes et étouffantes, les gens de ces régions devront probablement trouver d'autres endroits pour vivre», a expliqué un chercheur au Carnegie Institute for Climate, Chris Field.

«Lorsque les températures ambiantes sont extrêmement élevées, comme cette étude le prédit, les personnes exposées peuvent et vont mourir. Les répercussions de cette étude sont effrayantes pour la région du Golfe», a ajouté le docteur Howard Frumkin, de l'école de santé publique de l'Université de Washington.

Cependant, remarque M. Eltahir, si les pays limitent leurs émissions de GES - même près de la cible fixée en vue de la prochaine conférence des Nations unies sur les changements climatiques à Paris - ces conséquences pourraient être évitées.