Un accord à l'arraché a été conclu dimanche matin à la conférence sur le climat à Lima, au Pérou; ce qui est un succès en soi, selon le directeur principal d'Équiterre, Steven Guilbault. Il croit toutefois qu'il reste encore beaucoup de travail jusqu'à la prochaine conférence, à Paris, dans un an.

L'entente est relativement modeste, puisqu'il y avait des dissensions importantes entre les pays pauvres et les pays riches; mais M. Guilbault a noté malgré tout plusieurs éléments positifs.

Entre autres, le document prévoit l'injection de 10 milliards $ dans le Fonds vert des Nations unies. Cette somme sert aux pays en voie de développement, qui doivent d'abord s'adapter aux changements climatiques, mais, surtout, apprendre à se développer en respectant l'environnement.

«Beaucoup de pays industrialisés investissent là-dedans, mais aussi, de plus en plus, des pays en voie de développement, comme le Brésil, l'Afrique du Sud, plusieurs pays d'Amérique latine», a indiqué M. Guilbault.

Les 195 pays participants ont aussi accepté de dévoiler, d'ici un an, leurs propres cibles de réduction de gaz à effet de serre.

L'accord reconnaît aussi les «circonstances particulières» des pays en voie de développement, une «pierre d'achoppement depuis longtemps», selon Steven Guilbault.

«Qu'il y ait eu accord là-dessus, c'est en soi en succès important», a-t-il constaté.

M. Guilbault reconnaît qu'il reste beaucoup de défis en vue de la Conférence de Paris, notamment en ce qui a trait aux pertes et aux dommages entraînés par les changements climatiques.

«Il y a des pays qui ne pourront pas s'adapter aux impacts des changements climatiques. On va devoir déménager des gens. Comment fera-t-on? Qui va payer? Il n'y a rien dans le texte là-dessus et c'est un problème. C'est un élément qui va devenir de plus en plus important», a-t-il expliqué.

En outre, selon lui, l'accord a laissé en suspens plusieurs points importants, ce qui est inquiétant à un an de la prochaine conférence, où les pays seront appelés à rédiger un véritable traité international.

«Plusieurs décisions qu'il reste à prendre sont de nature politique et ce n'est pas les négociateurs qui sont à l'ONU qui peuvent faire ça. Ce sont des ministres, voire des chefs d'État», a remarqué M. Guilbault.

L'accord de Lima a été adopté dans la nuit de samedi à dimanche, après deux semaines de négociations. Une première version du texte avait été rejetée par les pays en voie de développement, qui ont accusé les pays riches de manquer à leur responsabilité face aux changements climatiques.

Le secrétaire général de l'Organisation des Nations unies (ONU) Ban ki-moon s'est réjoui de la nouvelle, invitant toutefois les pays à se préparer pour le rendez-vous de Paris.

«Le Secrétaire général appelle toutes les parties, en particulier les grandes économies, à soumettre des engagements nationaux ambitieux bien avant Paris», a indiqué l'ONU, par voie de communiqué.