L'envoyé spécial du président français pour la lutte contre les changements climatiques dit avoir trouvé en Thomas Mulcair un allié à Ottawa.

Nicolas Hulot, qui est de passage à Ottawa cette semaine, a rencontré pendant une demi-heure, mardi, le chef du Nouveau Parti démocratique. Au cours de cet entretien, M. Mulcair lui aurait dit qu'il voulait profiter de la campagne électorale de l'an prochain au Canada pour susciter un large débat national sur l'environnement.

M. Hulot, arrivé dimanche pour une mission de trois jours à Ottawa, a par ailleurs indiqué à La Presse Canadienne qu'il avait demandé un semblable entretien avec Stephen Harper, mais le cabinet du premier ministre ne lui avait toujours pas répondu mardi matin. Le porte-parole de M. Harper, Jason MacDonald, a plus tard indiqué dans un courriel à La Presse Canadienne que le premier ministre ne rencontrerait pas M. Hulot. «Le premier ministre s'entretient avec ses homologues lorsqu'on doit discuter de dossiers importants.»

L'émissaire de François Hollande est en mission dans le monde pour prendre le pouls des capitales en vue de la prochaine grande conférence internationale sur les changements climatiques, que la France doit accueillir à la fin de l'an prochain juste après les élections générales au Canada, prévues à l'automne.

L'«envoyé spécial du président de la République pour la protection de la planète» aimerait bien sûr que le Canada contribue à la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre (GES), qui sont clairement attribuables, selon lui, aux activités humaines. Mais il dit comprendre que le premier ministre Harper ne soit pas sur la même longueur d'onde que la France en matière d'environnement, car le Canada, a-t-il dit, est très dépendant des énergies fossiles traditionnelles comme les sables bitumineux de l'Alberta.

«Je peux comprendre qu'il soit difficile pour certains acteurs économiques d'accepter (la notion de changements climatiques), car les conséquences de cette réalité, c'est qu'il faut délaisser petit à petit l'économie du carbone», a-t-il expliqué dans une entrevue accordée mardi matin à l'ambassade française à Ottawa, à une centaine de mètres de la résidence officielle du premier ministre canadien. «Dans un pays si dépendant à l'économie du carbone, je peux comprendre les résistances.»

L'ancien journaliste, bien connu en France pour son émission de documentaires sur l'environnement «Ushuaïa, le magazine de l'extrême», prépare aussi la visite officielle du président Hollande à Ottawa au début de novembre. «J'aurais aimé rencontrer le premier ministre avant cette rencontre officielle, mais ce n'est pas si important», a-t-il soutenu.

Sa visite coïncide par ailleurs avec le dépôt, mardi, du rapport de la commissaire à l'environnement et au développement durable du Canada, qui conclut que le gouvernement conservateur ratera fort probablement la cible fixée à la conférence de Copenhague pour réduire les émissions de GES d'ici 2020, et qu'il n'a pas de plan qui permettrait d'atteindre cette cible.

Le gouvernement Harper avait accepté de signer l'Accord de Copenhague plutôt que de persister dans la voie du Protocole de Kyoto. Il s'était de ce fait engagé à ramener d'ici 2020 les émissions de GES à 17% sous les niveaux de 2005.

M. Hulot a salué l'initiative annoncée par M. Mulcair de faire de l'environnement un enjeu de la prochaine campagne électorale, même si les Canadiens ne s'entendent pas sur les causes du réchauffement climatique. «Je ne crois pas que tous les Canadiens partagent le point de vue de M. Harper», a-t-il estimé.

La ministre canadienne de l'Environnement, Leona Aglukkak, a indiqué le mois dernier, lors d'un sommet de l'ONU sur le climat, que le Canada souhaite ardemment la conclusion l'an prochain à Paris d'un accord ferme et efficace sur les changements climatiques. Stephen Harper n'a pas participé à ce sommet, auquel a pris part le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, mais il a assisté à un dîner préparatoire sur les changements climatiques donné par le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon.