La dispersion de particules dans la haute atmosphère, une piste avancée par les partisans d'une manipulation artificielle du climat pour lutter contre le réchauffement, pourrait significativement perturber le régime des pluies tropicales, affirme une étude publiée mercredi.

La dispersion de particules «pourrait provoquer des changements radicaux dans le régime des précipitations tropicales, ce qui assècherait des forêts en Amérique du Sud et en Asie et intensifierait les périodes de sécheresse en Afrique», estime une équipe de chercheurs de l'Université de Reading (Royaume-Uni), dont les travaux sont publiés dans la revue Environmental research letters.

Ces scientifiques ont modélisé les conséquences de l'envoi de 100 millions de tonnes de particules de dioxyde de souffre dans l'atmosphère, censées permettre d'inverser une hausse de la température terrestre de 4 degrés Celsius en diminuant le rayonnement solaire parvenant jusqu'à la Terre.

Cette technique vise à recréer artificiellement le mécanisme à l'oeuvre lors d'une très forte éruption volcanique: la présence accrue de particules en suspension bloque les rayons solaires entrants dans l'atmosphère et provoque une baisse de la température terrestre.

Selon les conclusions des chercheurs de Reading, les précipitations au niveau des tropiques pourraient souffrir d'une baisse de 30%.

«Des pays de l'Europe du Nord et d'une partie de l'Asie pourraient tirer profit de cette technique, aux dépens de l'Afrique de l'Amérique du Nord et du Sud et du sud-est asiatique», avancent-ils.

«La discussion sur la géo-ingénierie provoque souvent de vifs débats, mais très souvent il y a un manque de compréhension des conséquences sur le système climatique de la diffusion dans la partie haute de l'atmosphère de grandes quantités de particules», prévient Andrew Charlton-Perez, l'un des auteurs.

«Sur la base de cette étude, la technique d'ingénierie de dispersion de particules dans la stratosphère ne fournit aux dirigeants aucune réponse évidente au problème du changement climatique», ajoute Ellie Highwood, un autre auteur.

La géo-ingénierie est un axe de recherche controversé qui prône une intervention artificielle sur le climat afin de limiter le réchauffement.

Ses partisans avancent que faute de résultats suffisants dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre, il est nécessaire d'étudier des alternatives.

D'autres scientifiques estiment que les adeptes de la géo-ingénierie sont des apprentis sorciers du climat qui ne prennent pas suffisamment en compte la complexité du système climatique, au sein duquel une seule modification a forcément des conséquences en chaîne.