La lutte contre les changements climatiques sous le gouvernement libéral a été près de 10 fois moins efficace que prévu. C'est ce qu'on apprend dans le dernier bilan de la mise en oeuvre du Plan d'action 2006-2012 (PALCC).

Québec y prévoyait des investissements de 1,5 milliard pour réduire les gaz à effet de serre. Ces dépenses devaient permettre de réduire les émissions de 14,5 mégatonnes (Mt). Mais en date du 31 mars 2012, soit quelques mois avant la fin du programme, les réductions étaient inférieures à 2 Mt.

«Ce qu'on a fait miroiter ne s'est pas passé», déplore Patrick Bonin, responsable de la campagne climat-énergie à Greenpeace Canada.

Le PALCC est financé en majeure partie à partir de la nouvelle taxe sur les combustibles. Les sommes promises n'ont pas encore toutes été dépensées. L'été dernier, 81% de l'enveloppe totale avait été engagée, par des autorisations ou des engagements écrits. Et un peu plus de la moitié (53%) avait été dépensée.

Dans le bilan, on rappelle que les cibles de réduction avaient été établies à partir de l'hypothèse d'un scénario «de cours normal des affaires», où le total des émissions continuait d'augmenter. Dans un tel scénario, il devenait d'autant plus important que les mesures ciblées du PALCC permettent de réduire les émissions dans certains secteurs, pour renverser cette tendance à la hausse. Or, une crise économique mondiale est survenue après l'élaboration du programme, qui a contrecarré la tendance à la hausse.

N'empêche que dans les secteurs précis ciblés, les mesures du programme restent nettement sous les objectifs. Par exemple, pour le transport de marchandises, l'État a dépensé 46 millions de dollars pour inciter l'industrie à réduire ses émissions. Mais la réduction a été 10 fois inférieure à ce qui était prévu. Québec est encore plus loin de la cible pour les lieux d'enfouissement, qui ont reçu des investissements d'environ 20 millions de dollars.

Le gouvernement Charest écorché

L'année dernière, le commissaire au développement durable écorchait le bilan du gouvernement Charest. Il dénonçait le manque de reddition de comptes. Cela empêchait de vérifier si ses mesures étaient efficaces, concluait le commissaire.

«On a encore un manque de transparence», déplore M. Bonin. Il souhaiterait que Québec se dote d'un nouveau poste de commissaire qui aurait pour mandat de systématiquement faire le suivi du PALCC et formuler des recommandations. «Un tel poste existe en Ontario», ajoute-t-il.

Une mesure d'autant plus nécessaire, selon lui, que Québec ratera sa cible, soit des émissions en 2012 de 6% sous le niveau de 1990. Et il ratera la cible de Kyoto, soit une baisse de 6% entre 2008 et 2012.

En 2010, les émissions étaient de 1,6% sous le niveau de 1990. «On a déjà deux prises, dit le représentant de Greenpeace. Il n'en faudrait pas une troisième. Ça urge.»

Et le défi augmente. La cible du gouvernement péquiste (25% sous le niveau de 1990 en 2020) tenait pour acquis qu'on aurait atteint la cible précédente.