Les patinoires de Montréal étaient souvent vides sous la pluie, hier. Est-ce un symptôme du réchauffement de la planète? Pour en avoir le coeur net, un climatologue ontarien vient de lancer un site d'observation des patinoires.

Le site rinkwatch.org, en ligne depuis mardi, a déjà une centaine de signalements, dont une dizaine à Montréal. Robert McLeman, géographe de l'Université Wilfrid Laurier à Waterloo.

«L'hiver dernier, une équipe de l'Université Concordia a calculé que la saison de patinage extérieur diminue depuis les années 50 au Canada, explique M. McLeman, que La Presse a joint par téléphone. J'ai décidé d'avoir des données plus précises, pour tenir compte des microclimats et des interruptions dans la saison, quand il pleut en janvier, par exemple. Je veux faire comme les sites d'observation d'oiseaux. Les ornithologues amateurs fournissent des informations précieuses pour les scientifiques.»

À Hockey Québec, le responsable des communications, Daniel Côté, a lui aussi l'impression que les patinoires extérieures sont ouvertes moins longtemps qu'avant. «En tant que joueur de hockey, j'ai vraiment vu une différence depuis six ou sept ans, dit M. Côté. Mais dans des régions comme le Lac-Saint-Jean ou la Côte-Nord, les saisons demeurent assez longues.»

L'étude de mars dernier, publiée dans la revue Environmental Research Letters, a conclu que la saison de patinage a diminué de manière significative en Alberta depuis les années 50. Pour le Québec, la tendance est aussi à la baisse (sauf en Gaspésie, où la saison semble s'allonger), mais les résultats ne sont pas statistiquement significatifs. Les chercheurs montréalais ont avancé qu'il pourrait ne plus y avoir de patinoires extérieures en Alberta en 2050. L'analyse était fondée sur les données de température et de précipitations.

Robert McLeman se spécialise dans les impacts des changements climatiques sur les activités humaines. «Ce qui est intéressant, avec le patinage, c'est que c'est concret pour les gens ordinaires. Quand on leur parle des ours polaires et de la banquise arctique, c'est loin de leur quotidien.»