Des chenilles d'un papillon exotique originaire des tropiques ont été découvertes pour la première fois au Québec au Jardin botanique de Montréal, a annoncé lundi l'institution en faisant un lien direct avec le changement climatique.

Il s'agit de chenilles du grand porte-queue (Papilio cresphontes Cramer), une sorte de machaon noir et jaune, le plus grand lépidoptère diurne d'Amérique du Nord, dont l'envergure atteint 15 cm, a indiqué le Jardin botanique dans un communiqué. Les chenilles ont été découvertes ces dernières semaines.

«Au cours des dernières décennies, l'adoucissement des températures des zones nordiques lui a permis de survivre à nos hivers et de coloniser de nouveaux habitats. C'est ainsi que, peu à peu, le grand porte-queue s'est rapproché du Québec avec, pour résultat, la métamorphose des premières chrysalides indigènes au Jardin botanique, ces jours-ci».

Originaire d'Amérique du Sud, d'Amérique centrale et du sud des États-Unis, le grand porte-queue a graduellement colonisé les États du Nord-Est américain et l'extrême sud du Canada, en Ontario, dès la fin des années 90, pour arriver dans le sud du Québec ce printemps.

Alors que d'autres espèces de papillons étendent leur habitat vers le Nord à raison de 16 km par décennie, «le grand porte-queue, lui, a une vitesse de colonisation 15 fois plus élevée que la moyenne: c'est par plus de 400 km qu'il a augmenté son aire de répartition sur des territoires autrefois trop hostiles au maintien de populations viables», a souligné le Jardin botanique.

Les chenilles du grand porte-queue, qui se nourrissent habituellement de feuilles de citrus, ont une prédilection pour le houblon et un arbuste, le frêne épineux (Zanthoxylum americanum Mill), qu'on retrouve dans le sud du Québec.

«L'arrivée du grand porte-queue dans la grande région montréalaise est un exemple bien concret des changements climatiques», conclut l'établissement.