Les négociations onusiennes sur le climat ont formellement abordé jeudi à Bonn (Allemagne) une nouvelle étape devant conduire à la signature, en 2015, d'un nouveau cadre international donnant à partir de 2020 des engagements à tous les pays pour mieux combattre le réchauffement.

Vingt ans après le sommet de la Terre de Rio, conférence où avait été lancé le processus de négociations sur le climat, «vous êtes en position d'écrire de nouveau l'histoire», a déclaré la responsable de l'ONU pour le climat, Christiana Figueres, au cours de la session inaugurale retransmise par internet.

Le principe de ce futur régime juridique a été adopté à Durban en Afrique du Sud, fin 2011. Les 194 pays négociant sous l'égide de l'ONU ont ouvert cette semaine les délicates discussions sur le contenu d'un tel accord.

Cet accord vise à accroître l'effort global contre les gaz à effet de serre, alors que les engagements actuels ne permettront pas, selon les scientifiques, de contenir la hausse de la température sous les +2 °C par rapport à l'époque pré-industrielle, limite que s'est fixée la communauté internationale.

La Sud-Africaine Maite Nkoana-Mashabane, qui a présidé la session inaugurale de ce nouveau groupe de travail, a vu dans cette étape «l'expression du courage politique et la sagesse des pays à répondre aux défis du changement climatique».

«Le temps est limité et nous devons prendre très au sérieux les appels désespérés de certains de nos frères», a-t-elle ajouté, citant les petits États insulaires menacés par la montée des océans.

L'accord de Durban prévoit, à partir de 2020, un régime juridique commun.

Un nouveau régime promu en particulier par les pays européens, qui ont aujourd'hui des objectifs contraignants de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le cadre du protocole de Kyoto, ce qui n'est pas le cas de grands émetteurs de CO2 comme les États-Unis, la Chine, l'Inde ou le Brésil.

«Nous devons de façon urgente nous mettre au travail», a plaidé jeudi l'Union européenne à Bonn.

Les pays en développement et les grands émergents du BASIC (Brésil, Afrique du Sud, Inde et Chine) ont toutefois rappelé l'importance de continuer à prendre en compte le niveau de développement de chaque pays et la responsabilité historique des pays développés dans le changement climatique.

Les pays les plus vulnérables ont quant à eux déploré que ces discussions ne s'accompagnent pas de promesses plus importantes des pays développés.

«Les promesses inadéquates restent sur la table», a remarqué dans un communiqué Seyni Nafo, porte-parole du groupe des pays africains.

«Elles risquent de provoquer des hausses de température qui auront des conséquences désastreuses dans le monde, et en particulier en Afrique», a-t-il ajouté.

Au nom des petits États insulaires, Marlene Moses, de Nauru dans l'Océan Pacifique, a averti que si l'ambition n'était pas revue à la hausse, les négociations pourraient davantage devoir aborder d'autres sujets d'ici à 2015, comme le coût de la relocalisation des populations de régions devenues inhabitables.

La réunion de Bonn, préparatoire à la prochaine grande conférence en fin d'année au Qatar, se déroule jusqu'au 25 mai.