Le gouvernement conservateur estime qu'un nouveau rapport sur les gaz à effet de serre (GES) tend à démontrer que le lien entre la croissance économique et le niveau des émissions ne tient plus la route.

Le ministre fédéral de l'Environnement, Peter Kent, a signalé mercredi que les émissions de gaz à effet de serre sont demeurées stables en 2010, même si l'économie est en croissance.

«Bien que le maintien de la reprise économique reste la priorité absolue de notre gouvernement, les nouvelles d'aujourd'hui démontrent l'efficacité du travail que nous menons pour concilier la nécessité d'avoir un environnement plus propre et plus sain et celle de préserver les emplois et la croissance», a indiqué mercredi le ministre Kent par voie de communiqué.

Selon le Rapport d'inventaire national, les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de seulement deux mégatonnes en 2010 par rapport à 2009 - une hausse de 0,25 pour cent -, pour atteindre 692 mégatonnes. Or, en 2010, la croissance économique a été chiffrée à 3,2 pour cent.

Les émissions de gaz à effet de serre avaient chuté pendant la récession mondiale en 2008 et en 2009, et on s'attendait à ce qu'elles augmentent avec la reprise économique.

En tant que signataire de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, le Canada doit produire des rapports annuels sur ses émissions de gaz à effet de serre.

Le rapport publié l'an dernier avait suscité la controverse. Le document ne tenait pas compte des données qui montraient une croissance des émissions générées par l'exploitation des sables bitumineux.

L'inventaire de cette année est rendu public quelques semaines après que le gouvernement de Stephen Harper eut annoncé l'abolition de la Table ronde nationale sur l'environnement et l'écologie, une organisation dont le mandat était de trouver des façons de concilier les considérations environnementales et économiques.

L'organisation, dont l'arrêt de mort a été signé lors du dépôt du budget fédéral du 29 mars dernier, avait publiquement remis en question l'efficacité des politiques mises de l'avant par le gouvernement conservateur afin de réduire les émissions de GES.

Selon les conservateurs, il y a dichotomie entre croissance économique et croissance des GES: pendant que l'économie progressait de 60,5 pour cent entre 1990 et 2010, les émissions augmenait de 17,5 pour cent.

Le Canada a atteint un sommet au chapitre des émissions de GES en 2007. Elles avaient alors été chiffrées à 751 mégatonnes. Les secteurs de l'énergie et des transports sont responsables de l'augmentation des émissions de GES enregistrées au cours des deux dernières décennies.

Le gouvernement Harper s'est engagé à réduire d'ici 2020 les émissions de gaz à effet de serre de 17 pour cent sous les niveaux de 2005.

Mais selon Environnement Canada, même si toutes les mesures gouvernementales et les initiatives provinciales étaient prises en compte, le Canada atteindra seulement le quart de son objectif de 2020.

«Environnement Canada reconnaît que les politiques actuelles des gouvernements fédéral et provinciaux permettront seulement d'atteindre le quart de l'objectif de réduction fixé par le gouvernement Harper lui-même», a écrit dans un courriel Keith Stewart, de Greenpeace Canada.

«Au lieu de mettre de l'avant un plan pour atteindre son objectif, le ministre Kent aide à faire adopter en mode accéléré des projets de sables bitumineux et d'oléoducs qui augmenteront les émissions (...) Ce n'est pas une façon de bâtir une nation, c'est un programme visant la destruction climatique et, éventuellement, économique», a ajouté M. Stewart.