Le climat se réchauffe inexorablement et 2015 promet d'être l'année la plus chaude jamais enregistrée, rappelle mercredi un rapport de l'Organisation météorologique mondiale (OMM), qui souligne l'urgence d'une action à la Conférence sur le climat de Paris, la COP21.

L'OMM a une nouvelle fois appelé à limiter les émissions de gaz à effet de serre tant qu'on en a encore la possibilité.

« La tendance qui se dessine pour 2015 laisse supposer que cette année sera très probablement la plus chaude jamais constatée », déclare cette agence de l'ONU basée à Genève.

« Il est possible de limiter les émissions de gaz à effet de serre, qui sont à l'origine du changement climatique. Nous disposons des connaissances et des outils nécessaires pour agir. Nous avons le choix, ce qui ne sera pas le cas des générations futures », a réaffirmé à cette occasion le Secrétaire général de l'OMM, Michel Jarraud.

« La température moyenne à la surface du globe franchira sans doute le seuil aussi symbolique que significatif que constitue un réchauffement de 1 degré Celsius par rapport à l'époque préindustrielle (1880-1899) », prévient l'OMM.

Dans son rapport, diffusé sans attendre la fin de l'année « pour donner des éléments d'information aux négociateurs de la conférence sur le climat COP21 à Paris », l'OMM indique que « les années 2011 à 2015 représentent la période de cinq ans la plus chaude jamais enregistrée, de nombreux phénomènes météorologiques extrêmes - en particulier les vagues de chaleur - étant influencés par le changement climatique ».

« Tristes nouvelles pour notre planète! », a mis en garde M. Jarraud, citant notamment les nouveaux pics de concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère.

La chancelière allemande Angela Merkel a appelé mercredi à un accord international « contraignant » à l'issue de la conférence sur le climat à Paris qui s'ouvre le 30 novembre.

« Nous devons réussir maintenant à nous mettre d'accord sur un mécanisme de vérification contraignant en droit international pour que ce siècle puisse être appelé de manière crédible le siècle de la décarbonisation », a-t-elle déclaré devant la chambre basse du Parlement allemand.

La COP21 vise un accord pour limiter à 2 °C le réchauffement climatique et à mettre en place un mécanisme pour s'assurer que les États respectent leurs objectifs.

Le rapport de l'OMM insiste sur la globalité du réchauffement. En 2015, une vague de chaleur notoire s'est abattue sur l'Inde en mai et juin, la moyenne des températures maximales dépassant 42 °C un peu partout, voire 45 °C par endroits.

La planète brûle

À la fin du printemps et en été, des vagues de chaleur ont frappé l'Europe, l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient, où de nombreux records ont été battus. En mai, des températures anormalement élevées ont été enregistrées au Burkina Faso, au Niger et au Maroc, de même qu'en Espagne et au Portugal.

En juillet, des vagues de chaleur ont balayé un vaste territoire entre le Danemark, au nord, le Maroc, au sud et l'Iran, à l'est.

Au printemps austral, des records de chaleur ont été régulièrement battus en Afrique du Sud.

La Chine a connu sa période janvier-octobre la plus chaude jamais constatée tandis que pour le continent africain, 2015 se classe pour le moment au deuxième rang des années les plus chaudes.

L'OMM met l'accent sur l'existence actuellement d'un puissant épisode El Niño, un courant équatorial chaud du Pacifique, qui ne cesse de gagner en intensité. « Ce phénomène influe sur les régimes météorologiques dans de nombreuses régions du monde, et explique la chaleur exceptionnelle que nous avons connue en octobre. Il devrait continuer de réchauffer la planète jusqu'en 2016 », précise l'OMM.

« Les conséquences d'une planète qui se réchauffe deviennent de plus en plus claires partout dans le monde », a commenté le Docteur Ed Hawkins, un climatologue de l'université de Reading, en Grande-Bretagne. « 2015 n'est pas une année d'exception, comme le montre le fait que les cinq dernières années ont aussi été les plus chaudes jamais enregistrées ».

Les regards de ces experts se tournent plus que jamais vers la Conférence de Paris.

« Le chapitre final de 2015 laissera-t-il une empreinte plus positive, cela dépendra de Paris », a ainsi relevé le Professeur David Reay, qui enseigne la gestion du carbone à l'Université d'Édimbourg, en Écosse.

Au total, 147 chefs d'Etat et de gouvernement sont attendus le 30 novembre à l'ouverture de la COP21. Après les attentats jihadistes qui ont fait 130 morts le 13 novembre à Paris, les autorités françaises ont annoncé mercredi avoir mobilisé près de 11 000 membres des forces de l'ordre pour assurer la sécurité de la conférence.

« Dans le contexte de menaces très élevées, la réussite de la COP21 passe aussi par la sécurisation optimale de cette manifestation », a déclaré le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.