Les ministres d'une soixantaine de pays se sont retrouvés dimanche à Paris pour accélérer les négociations sur un accord mondial en vue de lutter contre le réchauffement, une urgence «absolue», selon le futur président de la COP21, Laurent Fabius.

Le président russe Vladimir Poutine devrait participer au sommet qui réunira le 30 novembre, jour de l'ouverture de la COP21, une centaine de chefs d'État ou de gouvernement, dont les présidents américain et chinois, a annoncé M. Fabius.

«C'est la vie même sur notre planète qui est en cause, l'urgence est absolue», a déclaré dimanche le ministre français des Affaires étrangères, qui a visité l'énorme chantier de la conférence au Bourget, près de Paris, en particulier la salle plénière de 2.000 places, à l'immense voute en bois.

Pour éviter un échec, comme à la conférence de Copenhague en 2009, il a été décidé de faire venir les dirigeants dès le premier jour de la conférence qui se terminera le 11 décembre.

Avant ce grand rendez-vous, la «pré-COP», réunie jusqu'à mardi, devra «trouver le chemin du compromis sur le grand nombre possible de sujets», a souligné M. Fabius, en ouvrant la réunion dimanche après-midi.

«Donner un élan politique»

«C'est notre responsabilité de ministres et de chefs de délégation de donner un élan politique et de faciliter ce qui devra être l'accord final», a-t-il dit.

Les ministres de l'Environnement et de l'Énergie réunis dans la capitale française représentent l'ensemble des groupes de pays participant aux négociations. Leurs divergences sont encore nombreuses.

Cette réunion, la troisième du genre, n'est pas «une réunion de négociation» sur le texte issu de la dernière session de discussions, à Bonn, a souligné à la tribune le ministre péruvien de l'Environnement, Manuel Pulgar-Vidal, qui avait présidé la précédente COP, à Lima en 2014.

Le succès de la COP21 «est de la responsabilité du monde, de chaque pays», a-t-il insisté.

L'accord espéré à la conférence de Paris doit permettre de contenir la hausse du thermomètre mondial sous la barre des +2°C par rapport au niveau pré-industriel. Au-delà de cette limite, les scientifiques prédisent des conséquences dramatiques sur les écosystèmes et les économies comme des inondations à répétition et des sécheresses.

En octobre, pendant leur ultime session de discussions avant la COP, les négociateurs de l'ONU ont approuvé un texte de 55 pages qui comporte encore de nombreuses options parfois contradictoires.

Les ministres ont du pain sur la planche, des divergences persistant sur de nombreux points : l'aide financière des pays du nord à ceux du sud pour financer leurs politiques climatiques, les objectifs à long terme, la répartition de l'effort contre le réchauffement entre pays industrialisés, émergents et pauvres, la révision à la hausse des engagements pris par les États pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES)...

Un rapport de l'ONU a rappelé vendredi l'urgence d'intensifier les efforts : les engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre, présentés par 146 pays au 1er octobre, aboutiraient à une hausse probable de la température comprise entre +3 et +3,5°C à l'horizon 2100, loin de l'objectif des +2°C.

L'épineuse question du financement des politiques climatiques est aussi au menu. Les pays du Nord ont promis de verser 100 milliards de dollars par an à ceux du Sud, à partir de 2020, date de l'entrée en vigueur de l'accord de Paris.

Les principaux pays émetteurs de gaz à effet de serre sont représentés à Paris, mais aussi de nombreux pays africains et de petites îles, déjà victimes des effets du dérèglement climatique.

Après la session plénière de dimanche, les ministres se réuniront lundi en groupes de travail par thème : équité, ambition, finances post-2020 et actions pré-2020. Laurent Fabius présentera les conclusions des travaux mardi.