L'Inde prévoit de doubler sa production de charbon d'ici 2020 à plus d'un milliard de tonnes afin de satisfaire son économie qui connait une croissance de 7 %.

L'Inde, troisième émetteur mondial de gaz à effet de serre, mise sur le développement de ses énergies renouvelables pour limiter le réchauffement climatique tout en reconnaissant encore sa dépendance au charbon, dans ses engagements en vue de la conférence de Paris sur le climat.

Globalement, l'Inde a promis vendredi de réduire son « intensité carbone », qui mesure les émissions de dioxyde de carbone par point de PIB, de 35 % d'ici 2030 par rapport au niveau de 2005.

Le géant asiatique, qui compte une population de 1,25 milliard d'habitants, n'a en revanche pas dévoilé d'objectif chiffré contraignant de réduction d'émissions de gaz à effet de serre. Son voisin chinois s'est par exemple engagé à réduire ces émissions d'ici 2030.

« C'est un énorme pas pour l'Inde, aussi c'est un objectif très ambitieux », a dit le ministre de l'Environnement Prakash Javadekar à propos de l'objectif d'intensité carbone lors d'une conférence de presse.

L'Inde compte surtout sur les énergies renouvelables pour faire preuve de sa bonne volonté dans la lutte contre le réchauffement. Ces énergies devront représenter 40 % de son électricité d'ici 2030, selon sa contribution remise à l'ONU dans la nuit de jeudi à vendredi.

Pour cela, l'Inde compte sur « des transferts de technologies et à un financement international à bas coût ».

Cet objectif implique que les capacités de production d'énergie renouvelable de l'Inde vont plus que doubler d'ici 2030 par rapport aux 175 000 mégawatts visés.

L'Inde compte encore plus de 300 millions d'habitants privés d'électricité et connaît de fréquentes coupures de courant. Elle rappelle aussi que sa consommation d'électricité par personne est d'un tiers de la moyenne mondiale.

Pour cette raison, New Delhi estime que les efforts doivent surtout venir des pays industrialisés dont les émissions de gaz à effet de serre par habitant sont bien supérieures à celles de l'Inde.

Cependant le pays est également très sensible aux effets du réchauffement climatique et le gouvernement souligne dans sa contribution que 85 % de la surface du pays est à risque de catastrophe naturelle, en particulier aux inondations.

Dans ses engagements, l'Inde promet également de renforcer sa couverture forestière d'ici 2030, ce qui permettra de capturer l'équivalent de 2,5 à 3 milliards de tonnes de dioxyde de carbone supplémentaires. En tout, l'adaptation de l'Inde au changement climatique va coûter 2500 milliards de dollars, estime le gouvernement du premier ministre Narendra Modi dans ses engagements.

Greenpeace a salué les engagements indiens en matière de renouvelables qui vont « changer la matrice énergétique en Inde », ces énergies représentant actuellement moins de 12% de la production totale.

Le charbon est toujours roi

Mais l'ONG reste préoccupée par la forte dépendance du pays au charbon.

« L'engagement persistant de l'Inde à vouloir développer sa production d'électricité par le charbon est déroutant. Le développement des centrales au charbon va freiner les perspectives de développement de l'Inde », estime Pujarini Sen, un responsable de Greenpeace en Inde, cité dans un communiqué.

L'Inde, qui abrite les cinquièmes plus importantes réserves de charbon dans le monde, produit 60 % de son électricité à partir du charbon.

Sandeep Chachra, directeur général d'ActionAid India, a salué la contribution indienne: « l'accent ambitieux mis sur l'efficacité énergétique et la hausse spectaculaire du renouvelable méritent d'être reconnus, mais doivent permettre un accès meilleur des pauvres à l'énergie ».

La communauté internationale s'est donné comme objectif de limiter la hausse moyenne du thermomètre mondial à 2°C par rapport à l'ère préindustrielle, seuil au-delà duquel les impacts seront graves et irréversibles pour de nombreuses populations.

En visite en janvier à New Delhi, Barack Obama a mis la pression sur l'Inde, estimant que la bataille contre le réchauffement climatique serait perdue sans les efforts des pays émergents pour réduire leur dépendance aux énergies fossiles.