À peine annoncé mercredi par le G8, l'objectif de réduction de 80% des émissions de gaz à effet de serre des pays développés a été dénoncé à la surprise générale par la Russie qui l'a jugé «inacceptable».

«Pour nous, le chiffre de 80% est inacceptable et probablement hors d'atteinte», a estimé devant la presse russe le principal conseiller économique du président Dmitri Medvedev, Arkady Dvorkovitch.

«Nous n'allons pas sacrifier la croissance économique à la seule fin de réduire les émissions» polluantes, a-t-il ajouté, alors que son pays est membre du Groupe des huit pays industrialisés, aux côtés des États-Unis, du Japon, du Canada, du Royaume-Uni, de la France, de l'Allemagne et de l'Italie.

M. Dvorkovitch a toutefois refusé de préciser quel objectif lui paraîtrait acceptable, jugeant la question prématurée.

«Les calculs sont en cours. Différents scénarios sont possibles», a-t-il dit en évoquant une échelle de 20 à 60% de réduction d'ici à 2050.

Les dirigeants du G8, dont la Russie est membre, ont annoncé mercredi un accord pour réduire de 50% les émissions mondiales d'ici à 2050 et de 80% et plus pour les pays industrialisés.

Ce double objectif constitue une indication pour la négociation du futur accord mondial contre le réchauffement, qui devra aboutir en décembre à Copenhague, sous l'égide de l'ONU.

«Nous avons encore le temps d'harmoniser nos positions d'ici Copenhague», a estimé M. Dvorkovitch, assurant néanmoins que son pays prenait «très au sérieux» l'amélioration de son efficacité énergétique, une «tâche difficile», a-t-il souligné.

À ce stade, la Russie n'a annoncé ni objectif ni engagements dans le cadre du futur accord de Copenhague.

«Personne ne sait ce qu'ils veulent», note Kim Cartensen, expert climat du Fonds mondial pour la nature (WWF), pour qui la déclaration du conseiller de M. Medvedev témoigne d'un «désaccord au sein de la délégation russe».

«À 80%, (les Russes) ont signé à contrecoeur, ils n'ont aucune politique en place leur permettant d'atteindre cet objectif», a-t-il estimé.

«D'un côté ils veulent faire partie d'un accord mondial, de l'autre ils veulent s'assurer que la Russie ne va pas s'engager dans quoi que ce soit qui porterait atteinte à son économie, car ils ont des intérêts très importants dans l'industrie énergétique», a-t-il estimé.

«Nous savons depuis des années que la Russie peut réserver des surprises», a-t-il ajouté.

Pour Tobias Munchmeyer, conseiller politique de Greenpeace, «soit M. Medvedev dormait pendant la négociation (de la déclaration du G8). Soit la Russie découvre soudainement qu'elle doit agir. Ce qui va représenter une tâche énorme, car il s'agit d'un des pays à l'efficacité énergétique la plus faible».