Entre la crise financière, les divisions de l'Europe sur son plan climat et l'inconnue électorale américaine, la conférence annuelle de l'ONU sur le climat en décembre à Poznan, en Pologne, apparaît déjà comme une conférence de transition.

Après Bali, en décembre 2007, les 190 États parties à la Convention des Nations unies sur les changements climatiques (CNUCC) doivent négocier un futur accord multilatéral de lutte contre les gaz à effet de serre (GES) d'ici fin 2009 à Copenhague pour répondre aux alarmes des scientifiques.

Pour maintenir un climat gérable et limiter la hausse moyenne des températures planétaires à 2°C, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) préconise de diviser les émissions de GES par deux d'ici 2050, en commençant à les réduire au plus tard d'ici 2020.

La crise financière qui secoue la planète risque-t-elle de servir d'argument aux moins-allants des négociateurs? La quarantaine de ministres réunis en consultations informelles en début de semaine à Varsovie, pour préparer la Conférence de Poznan (1er-12 décembre), ont affirmé le contraire.

«Ils ont clairement indiqué que la crise financière ne devait pas servir de prétexte pour ralentir notre action contre le changement climatique», a assuré le secrétaire-exécutif de la CNUCC, Yvo De Boer. «Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser le processus déraper: il nous faut passer d'une phase de discussions à une phase de négociations».

Cependant, l'Union européenne, empêtrée dans la fronde d'une partie de ses membres contre son plan climat, risque déjà d'apparaître divisée. A l'issue de son sommet cette semaine, elle a décidé de maintenir les objectifs et le calendrier de ce plan, mais il n'est pas sûr qu'il y ait accord avant Poznan.

Quant aux Etats-Unis, malgré l'élection du nouveau président le 4 novembre, ils seront toujours représentés par l'administration Bush, peu conciliante. Même si leur représentante Paula Dobriansky a assuré à Varsovie qu'elle «travaillerait avec l'équipe de transition» que désignera le vainqueur, «qu'il soit républicain ou démocrate».

«Poznan s'annonce comme une conférence de transition à profil bas et ne devrait pas susciter trop d'attentes», juge un délégué suisse.

Vers la mi-novembre, les délégations recevront l'agenda de Poznan.

Le ministre polonais de l'Environnement Maciej Nowicki a annoncé la tenue d'une table-ronde ministérielle, pendant le segment ministériel de la conférence les 11 et 12 décembre, sur la «vision à long terme» (horizon 2050) de la protection du climat.

«Il nous faut des éclaircissements», affirme Yvo De Boer, «les ministres ont réaffirmé qu'il revient aux pays industrialisés de montrer la voie et de fixer des objectifs à moyen terme» (2020), sans se contenter d'un calendrier à 2050.

«Le secteur privé en a besoin en ces temps difficiles. Il y a actuellement un problème sur le marché des capitaux, l'argent est là mais ne sort pas: il faut vraiment avancer sur ces questions de financement et de transfert de technologies» propres, insiste-t-il.

Pas question pour autant de parler chiffres à Poznan ni d'arrêter de nouveaux objectifs de réduction, qui seront au mieux renvoyés à Copenhague.

«On s'attend à être mis sous pression du G77 (les pays en développement) qui nous demandera des objectifs individuels ou au moins une échelle collective de de réductions», commente un diplomate occidental.

Le ministre sud-africain Martinus Van Schalwyck est monté au front pendant la réunion de Varsovie pour réclamer des engagements financiers de la part des pays industrialisés. Mais, selon un participant, son collègue allemand Sigmar Gabriel lui a vivement répondu qu'il n'y avait pas de budget et qu'il faudrait compter sur les fonds générés par le marché du carbone