Trois ans après avoir signé l'Entente sur la forêt boréale canadienne avec les principaux groupes écologistes, Produits forestiers Résolu estime maintenant que cette démarche était vouée à l'échec parce qu'elle n'impliquait pas les communautés locales.

C'est ce qu'a soutenu hier le président de Résolu, Richard Garneau, en entrevue avec La Presse, en compagnie de représentants municipaux et d'un chef autochtone de la région du Lac-Saint-Jean.

«On s'est entendus entre entreprises et écologistes, et on était supposés aller voir les communautés et les autochtones et leur dire: "Voilà, ça va marcher comme ça", a relaté M. Garneau. Et ça ne fonctionne pas. Les compagnies et les écologistes ne peuvent pas tout décider.»

Revirement

Annoncée en grande pompe en mai 2010, l'Entente devait permettre de concilier les objectifs de conservation, notamment pour le caribou forestier, et l'exploitation de la forêt boréale, qui s'étend de l'Alberta au Labrador.

En signant l'entente, les groupes écologistes mettaient fin à leurs campagnes internationales contre les sociétés forestières.

Mais les choses ont mal tourné pour Résolu. Tous les groupes écologistes, dont la Société pour la nature et les parcs, Forest Ethics et Conservation de la nature, ont suspendu les échanges avec l'entreprise.

Deux groupes ont carrément quitté l'entente: Greenpeace et Canopy.

Et Résolu poursuit Greenpeace en diffamation pour 7 millions de dollars, une démarche que Greenpeace qualifie de poursuite-bâillon.

Mais hier, Résolu voulait montrer qu'elle pouvait compter sur l'appui de certaines communautés.

«On n'a pas été invités à la table de l'Entente sur la forêt boréale et il y a des décisions qui se prennent qui nous affectent», a dit Jean-Pierre Boivin, préfet de la MRC de Maria-Chapdelaine, qui comprend la ville de Dolbeau-Mistassini.

«On revendique d'être présents et de débattre des enjeux de conservation», a ajouté Jacques Asselin, maire de La Doré, une municipalité de 1400 personnes où se trouve une scierie de Résolu.

«On veut être partenaires, on ne veut pas être seulement utilisés», a affirmé de son côté le chef des Atikameks d'Opitciwan (Obédjiwan), Christian Awashish.

Sa communauté installée sur le bord du réservoir Gouin exploite une scierie en partenariat avec Résolu.

Sur l'enjeu central de la conservation du caribou, M. Garneau et les représentants régionaux s'entendent pour repousser le plus au nord possible les aires de conservation, soit hors des limites de la forêt exploitée: «76% du territoire où se trouve le caribou est au nord de la limite nordique de la forêt commerciale», affirme M. Garneau.

Selon les groupes écologistes, c'est justement l'industrie forestière qui a extirpé le caribou des territoires plus au sud.

D'ailleurs, le plan de rétablissement du caribou adopté par le gouvernement du Québec prévoit rétablir des habitats propices au caribou dans la zone de la forêt exploitée.